samedi 11 avril 2020

Splendeurs des musiques lusophones d'Afrique, deux confetti à ne pas oublier : São Tomé e Príncipe


São Tomé e Príncipe constitue un petit archipel, vraiment très peu connu, dans le golfe de Guinée. En français, on devrait les appeler les îles de Saint-Thomas et du Prince, mais la recommandation est désormais plutôt Sao-Tomé-et-Principe, ce qui est linguistiquement assez monstrueux. Ah, cette manie du littéralisme qui prétend être plus respectueuse mais qui produit dans les faits de plus graves distorsions encore. São, par exemple, en portugais ça donne quelque chose d'assez proche de san, [sˈɐ̃w̃] pour être exact. Saint ce n'est pas donc si loin, mais alors sa-ho comme on dit en bon français, quelle horreur!

Mais revenons rapidement à l'histoire et à la géographie, l'île de São Tomé fut découverte le 21 décembre 1471, jour de la Saint-Thomas. Comme Principe, elle était alors inhabitée. Premier territoire en Afrique tropicale à être dominé par des Européens, les deux îles furent le laboratoire de l'affreux système de la plantation esclavagiste qui s'implantera ensuite aux Amériques et un point d'appuis au commerce triangulaire.



Sautons de multiples épisodes pour nous intéresser à la musique santoméenne que le label genevois Bongoe Joe vient de mettre à l'honneur en publiant une excellente compilation "Léve Léve" que l'on vous recommande vivement. La musique populaire prend ici le nom de puxa, on y entend les influences brésiliennes et caraïbes, ainsi que celles des pays africains lusophones (notamment le Cap-Vert et l'Angola) ou non (tout particulièrement le Congo voisin avec ses guitaristes magiques). 

Parmi les groupes de la compilation, Os Úntuès offre un concentré de sautillante énergie ouvert aux influences pop.

 Os Úntuès "Piquina Piquina" [vers 1971]


La compil compte un autre morceau du groupe, "Chi Bô Sá Migu Di Védê", qui a la même efficacité expéditive

Fondé en 1967, le groupe s'était transporté à Lisbonne en 1971 pour enregistrer un EP où figurent les deux titres. Le disque fut curieusement intitulé Folklore des îles de Saint-Thomas et Prince, alors que les morceaux semblent passablement pop mais peu importe. On trouve aussi sur la toile les deux autres morceaux issus de la même session. Le premier, sous influence manifeste des guitaristes congolais, est lui aussi très bien.

 Os Úntuès "Olha Tendê Vê Bê" [vers 1971]


L'autre ne semble pas mauvais du tout mais le son offert sur youtube est franchement pas top.





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