vendredi 30 janvier 2015

Les pinceaux du rock : Felt



Le prétexte est mince cette fois-ci : seulement le titre de la chanson, "Primitive Painters" qu'on retrouve dans le morceau dans un passage que nous livrons à votre sagace analyse :

Primitive painters are ships floating on an empty sea
Gathering in galleries were stallions of imagery

Voilà une mer bien bien vide me direz-vous... Et oui, la Cellule est un peu décevante aujourd'hui mais voyez donc le clip. On est en 1985 : la guitare, ce violet (bon dieu, ce violet!), la voix d'Elizabeth Frazer recrutée pour l'occasion : non, vous ne pouviez pas vous tromper!





jeudi 29 janvier 2015

Timbré : pour l'Angola


Celui-ci sera comme le revers du précédent post. Nous traversons en effet l'Afrique australe et passons du Mozambique à l'Angola qui devient dans les années 70, le symbole des dernières luttes anti-coloniales et le thème de quelques magnifiques chansons très densément politiques à travers le monde.

Pile en face, de l'autre côté de l'Atlantique, le grand Jorge Ben consacre ainsi un morceau à imaginer l'intervention du redoutable Zumbi dos Palmares, leader d'une vaste révolte d'esclave au Brésil du XVIIe siècle, mobilisé pour donner un coup de main décisif aux Angolais insoumis. Il figure sur un étrange et très bel album concept consacré par ailleurs à l'alchimie : A Tabua de Esmeralda.


Rapprochons-nous très près de Luanda avec le non moins grand Docteur Nico dont l'African Fiesta dédie dès 1964 un morceau exaltant la lutte naissante pour l'indépendance angolaise ; curieusement le morceau est doté d'un titre espagnol.


Et passons enfin à la Jamaïque où Pablo Moses tout à son Revolutionnary Dream incite ses concitoyens à mettre un terme au plus vite aux violences politiques qui déchirent l'île et à diriger leur énergie martiale vers l'Afrique ancestrale pour venir en aide à leurs frères angolais.


Remarquons pour conclure que si la guerre de décolonisation entraîna à juste titre une large mobilisation internationale et donna naissance à quelques immenses chansons, les aléas encore plus destructeurs de la très longue guerre civile qui suivit, entre les différentes factions issues de la guerre anti-impérialiste, ne suscita à peu près aucun intérêt...

mardi 27 janvier 2015

Timbré : le Mozambique et le Conjunto Oliveira Muge


J'ai visionné il y a peu le film de Miguel Gomes, Tabu ; un film qui peine à démarrer avant de devenir fascinant quand l'action se déplace du Lisbonne d'aujourd'hui vers le Mozambique des années 60. Comme l'on sait le Mozambique et l'Angola ont connu de terribles guerres de libération dans les années 70 avant de subir des guerres civiles encore plus meurtrières (pas moins de 20% de la population succomba durant deux décennies absolument furieuses). Peu de temps auparavant, l'empire portugais avait connu un court et tardif âge d'or. La dictature de Salazar avait alors conçu le projet de faire fusionner la maigre métropole européenne avec ses prometteuses colonies et se lança dans une fuite en avant desespérée, envoyant des centaines de milliers de colons en Afrique pour réaliser cette extension outre-mer à complet contre-courant de la vague de décolonisation contemporaine. Avant que les choses ne tournent définitivement mal, les Portugais expatriés purent croire pendant quelques années à cette aventure utopique sans équivalent. C'est leurs rêves fracassés que revisite Miguel Gomes dans son film en noir et blanc. Mais arrêtons-nous là pour ce qui est de l'histoire et du cinéma... 



Si la Cellule évoque ce film, comme vous vous en doutez, c'est surtout pour sa bande son : une réussite absolue qui rend puissament les émotions contradictoires d'une époque. La grande découverte est le Conjunto de Oliveira Muge, un orchestre formé par ces récents expatriés des 60's (il existe une page fb à aller voir). Le groupe se distingue par une pop mélancolique d'une grande ingénuité. La chanson utilisée dans le film est une reprise d'un morceau italien, "Cosi Como Viene".


Sur le même single de 1967, on repère une reprise des Electric Prunes et dans la B.O, Mickey Gilley et les Ramones spectorisés de "Baby I Love You", morceau radicalement à sa place comme vous pouvez voir dans cet extrait.


lundi 26 janvier 2015

Un peu de plaisir pur : les Dixie Cups

Point trop de cogitations superflues ce matin, juste la jubilation d'écouter un des girls group les plus joliment réjouissant des 60's : les Dixie Cups. En 1963, les trois filles (deux soeurs, Barbara et Rosa Lee Hawkins, et leur cousine Joan Johnson) "montent" à New-York pour y laisser exploser leurs talents. Jeff Bary et Ellie Greenwich leur écrivent une série de chansons qui ne brillent pas par la complexité de leurs paroles mais que les filles exécutent avec un sens de l'équilibre miraculeux et les tubes se succèdent comme de juste. La Cellule vous en fait déguster deux : une magnifique version de "The Chapel Of Love" et "I'm Gonna Get You", frémissant d'excitation sexuelle à peine contenue.



Et puis, cerise sur le gâteau, comme c'est de La Nouvelle-Orléans que les filles viennent, elles en profitent pour graver un des premiers enregistrements de "Iko Iko", un des hymnes emblématiques de la ville du Croissant. La chanson des black indians est ici interprétée a capella, c'est-à-dire dans un drôle de contexte pour ce morceau de parade de rue. Un classique absolu à la clé.


En bonus, la première version : celle de "Sugar Boy" Crawford en 1953. Evidemment, c'est plus brut.

mardi 6 janvier 2015

Les classiques : why don't you do right?

Au début, il y a les Harlem Hamfats, un groupe de musiciens basé à Chicago qui s'est contenté d'enregistrer sans jamais jouer en public mais qui n'en a pas moins inventé le son le plus hot de la fin des années 30 en mêlant le blues âpre du Sud avec le jazz plus sophistiqué développé dans les villes du Nord. Venus des campagnes de Louisiane et du Mississippi ou de La Nouvelle-Orléans, les sept membres originaux du groupe ont tous connus un parcours similaire remontant le fleuve jusqu'aux grands lacs en s'arrêtant parfois en chemin à Memphis. Un de leurs tubes de 1936, écrit par Joe Mc Coy (qui avait auparavant accompagné Memphis Minnie) s'intitule "Weed Smoker's Dream". Il est donc d'abord question de beuh et des effets plutôt malencontreux, en l'occurence, de ladite herbe. Tel quel, le morceau est parfaitement excellent, plein de variations et de puissance.



Puis en 1941, Joe McCoy a l'idée de transformer les paroles d'une chanson initialement teintée de misogynie pour laisser tout la place nécessaire à une voix féminine. C'est la sublime Lil Green qui s'y colle. Les arrangements sont épurés avec au maximum : juste le piano et la guitare de Big Bill Broonzy. La mélancolie prend une intensité inédite et le reste appartient à l'histoire...



vendredi 2 janvier 2015

Les pinceaux du rock : Twins Seven-Seven

La nouvelle série (depuis longtemps projetée) de la Cellule est à la fois pour les yeux et pour les oreilles. Ouvrez donc esgourdes et mirettes en ce début d'année. Et pour commencer un musicien nigérian qui est aussi un plasticien, un philosophe, un poète, etc. (je ne sais pas pourquoi mais le Nigéria semble un refuge pour ce genre de créateur total, vous verrez, on vous en dégotera d'autres) : avec Taiwo Olaiyi Salau, alias Twins 7-7, princier rejeton de la famille royale d'Oshbogo, qui prit son nom parce qu'il fut le seul survivant des sept paires de jumeaux enfantés par ses parents. Le morceau qu'on vous propose est un très curieux titre de high-life avec un xylophone entêtant mis en avant, morceau profondément ancré cdans la culture yoruba comme tout ce qu'a fait Twins Seven-Seven  :






Or donc Prince Twins 7-7 n'est pas seulement un excellent musicien mais il joue aussi du pinceau avec dextérité et inspiration. Jugez plutôt :



Tout n'est pas forcément du même tonneau dans sa production mais les réussites sont marquantes, non? La reconnaissance de Prince Twins 7-7 avait d'ailleurs largement dépassé les frontières de son géant de pays avant qu'il ne s'éteigne en 2011. Pour en savoir plus, vous pouvez aller voir (j'y ai pris les images).