dimanche 31 mars 2019

Les gendarmes et les voleurs.



Comme c'est vers les Antilles que nous revenons avec application, on finit par suivre le fil des années et passer de la biguine des années soixante à la cadence des années 70-80. Sorte de mérengue haitien modernisé, la cadense accueille toutes influences des musiques caribéennes, du disco au reggae dans un syncrétisme roboratif. Des formations pléthoriques avec cuivres, percussions, synthétiseurs produisent des sortes de patchworks sonores où l'on passe avec agilité d'un style à l'autre et où l'on franchit plusieurs fois la frontière entre le bon et le mauvais goût. Moi, je prends le tout sans faire la fine bouche.

En 1975, du coté de La Dominique, les Belles Combo enflamment les pistes avec leur premier album "Libération de la Femme" pionners du style "cadence-lypso" clairement marqué la disco qui ne tardera pas faire école dans le reste de la caraïbe :



La Police est là dans ce morceau des Melodix, une cadence tendue face aux forces de l'ordre qui nous rappelle que loin de la carte postale chamarrée, les luttes sociales furent particulièrement violentes aux Antilles dès la fin des années soixante.


Tensions sociales qui sont le thème de ce standard de la candence-lypso : Grève Générale par les Bill-O-Men. Morceau colossal, qui avance, s'arrête, reprend, se renforce comme le défilé un cortège et qui remplacerait avantageusement les "Motivé-e-s Motivé-e-s" pour nos manifs à nous. Comme les deux précédents tous ces disques sont sortis chez 3A, le label guadeloupéen.



Mais les voleurs, les voilà : dans le genre cocktail détonnant, le sommet du genre est probablement l'album "La panthère noire" de Michel Docteur Nerplat. Le saxophoniste, pilier de la maison Debs et compositeur pour le groupe star "Les Aiglons" nous livre dans cet album solo une composition à plusieurs étages : reprise à la sauce pimentée du fameux thème d'Henri Mancini à laquelle l'organiste sa part de folie. Ce dernier ne peut s'empêcher sur chaque titre de cet album de truffer ses soli de phrases musicales piquées dans les standards de la musique "exotica". Retour à l'envoyeur bien senti de cet exotisme en toc, digéré et remâché.


samedi 30 mars 2019

Deep kitsch tchèque : Mademoiselle Giselle (1980)

La Cellule vous propose d'abaisser momentanément vos défenses immunitaires aujourd'hui et de plonger avec courage dans le bain (très peu glacé à la vérité) de la variétoche tchécoslovaque. Nous sommes en 1980. Václav Neckář est le chéri de ces dames, me dit-on. Il apparaît en tout cas triomphant avec sa coupe au bol dans l'émission des après-midis dominicales. Avec Mademoiselle Giselle, on célèbre la femme française de l'autre côté du rideau de fer. La chorégraphie est soignée et les guitares lorgnent quand même un peu du côté du glam mais sans trop s'aventurer.

Autre version (avec un son plus propre mais sans la chorégraphie...)


mercredi 20 mars 2019

Quand la pop a la pêche à Budapest : Kyri Ambrus (1969)



Plongée ce soir dans des parages peu fréquentées par nous (jusque-là), ceux de la pop magyare des années 60, qui révèle quelques pépites fort savoureuses. Commençons donc avec la coupe garçonne de Kyri Ambrus qui sort en 1969 un single plein d'énergie soul, avec un orchestre méchamment puissant pour seconder une voix, qui n'est pas très éloignée de celle de Rita Pavone.


dimanche 17 mars 2019

Splendeurs de la guitare sahélienne : le Dental Orchestra

Entre 2009 et 2011, Christopher Kirkley a traversé le Sahel avec un léger matériel d'enregistrement. Ses bandes révèlent toutes les splendides nuances de la guitare africaine sans aucune production, dans l'intimité capturée d'un moment de grâce. On les trouve sur une compilation du label Sahel Sound, chaudement recommandée : Laila je t'aime. Pour ma part, j'ai un faible pour le groupe mauritanien de l'ensemble : le Dental Orchestra animé par Babi Sarr. Ne craignez rien pour vos molaires, le Dental n'a rien à voir avec la roulette de votre spécialiste. Le nom signifie "Unité" parce que le groupe incarne différents aspects de la musique mauritanienne. Le Dental ne manque pas d'expérience et tourne depuis plus de trente ans mais sans avoir produit de disque jusqu’au passage de C. Kirkley. Que dites-vous de l'instrumental "Vieille terre"?


Et de "Penda", magnifique chanson :
On vous glisse encore une video captée lors d'un concert à l'Institut Français de Nouakchott :


lundi 11 mars 2019

Le twist ailleurs : King Kennytone, Nigéria, 1963.

 
Si vous ne connaissez pas King Kennytone, c'est sans doute que vous avez loupé un épisode de l'histoire du twist africain car c'est lui le champion incontesté du twist nigérian. Il a composé un twist pour Helen, un pour Suzy, un twist du bonheur, un festival twist, un twist pour souhaiter bon anniversaire à vos amis qui sont nés en été et aussi un ngozi twist mais dans ce fruit-là, écoutez, le meilleur c'est encore le nwayo :

King Kennytone And His Western Toppers Band - nwayo twist (1963)
 
 



samedi 9 mars 2019

Avec Ara Kekedjian : le Nino Ferrer libanais

 
La Cellule vous avait déjà parlé d'Ara Kekedjian, le chanteur les plus excitant (à notre connaissance) de la petite communauté arménienne libanaise. Avant de dissoudre son énergie dans les eaux beaucoup trop sucrée de la variété orientale, Ara a pondu quelques titres imparables, capables de réanimer votre dance-floor presque aussi sûrement que les tubes siphonnés du bon vieux Nino Ferrer. Essayez donc celui-là dans une veine traditionnelle survitaminée :



lundi 4 mars 2019

Le prince de l'accordéon juju : Isaiah Kehinde Dairo

Isaiah Kehinde Dairo est une des principales figures de la musique juju au Nigéria. Durant toutes les années 60, c'est lui, la grande star de la musique yoruba qui se détache progressivement de l'influence du high-life, moins rustique. Innovateur, il y introduit l'accordéon qui se mêle à merveille aux percussions traditionnelles. La Cellule est heureuse de vous proposer aujourd'hui une petite sélection de titres de la première moitié des années 60 pour vous initier aux joies rebondissantes de l'accordéon nigérian.