samedi 25 avril 2020

La valse des prénoms mortels : Delia (partie le 25 décembre 1900)


Certains faits divers sont devenus des mythes par le biais de la chanson populaire. Greil Marcus a consacré un fascinant article à l'assassinat de Billy Lions par "Stag" Lee Shelton dans un bar de Saint-Louis, le 25 décembre 1895 et à ses prolongements à travers la musique américaine. C'est un autre 25 décembre, cinq ans plus tard, que la jeune Delia Green, 14 ans, fut assassinée dans le voisinage de Savannah, en Géorgie, par son amant Mouse Houston, à peine plus âgé avec ses 15 ans (pour en savoir plus allez voir ici). 

On ne tarda pas à chanter l'histoire de cette afro-américaine fauchée à la fleur de son âge. Le cheminement du récit tragique fut d'abord sous-terrain et il ne nous en reste nulle trace enregistrée, puis il resurgit cinquabte ans plus tard en donnant naissance à deux traditions distinctes avant de devenir un des standards les plus souvent revisités de la musique populaire américaine.

Une des deux traditions fut d'abord illustrée par le génie local de la douze corde, Blind Willie McTell, qui grava en 1949 une interprétation inoubliable de l'histoire, un des plus incontestables chefs d’œuvre de l'histoire du blues. Dans la tradition McTell, le point-de-vue adopté pour la narration est celui d'un autre amant délaissé par Delia Green.

Blind Willie McTell "Little Delia" (1949)


L'autre tradition donna lieu pour la première fois à un enregistrement la même année en 1949 mais à Nassau cette fois-ci, aux Bahamas, dans une version du genial Blind Blake.

Blind Blake & The Royal Victoria Hotel Calypos "Delia Gone" (1949)


Dans la tradition Blind Blake, le point-de-vue est celui du meurtrier. C'est cette variantes qui a connu le plus de réinterprétations comme celle de Johnny Cash (avec ses deux versions à trente ans d'intervalle)

Johnny Cash "Delia's Gone" (1962)


 Johnny Cash "Delia's Gone" (1994)








Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire