vendredi 12 juillet 2024

A l'assaut d'un des 8000 de la pop mélodramatique : The Sun Ain't Gonna Shine Anymore (1965, 1966, 2022)


 
 

La Cellule est d'humeur alpiniste aujourd'hui et vous propose de grimper par trois fois un des sommets mélodramatiques de la musique pop ultra-orchestrée.

Pour vous mettre en jambes, voici d'abord l'original du titre qui n'a pas encore acquis toute sa puissance en 1965 quand Franki Valli, qui tente alors l'aventure solo, l'enregistre :

Frankie Valli - The Sun Ain't Gonna Shine (Anymore)


Le morceau écrit par les plumes des Four Seasons acquiert cependant une toute autre dimension dès l'année suivante quand les Walker Brothers en font un des Annapurna du genre.

 The Walker Brothers - The Sun Ain't Gonna Shine (Anymore)

 

Beaucoup plus récemment, Bruce Springsteen vient de tenter l'ascension avec succès sur son étonnant disque de reprises de 2022 qui rivalise de grandiloquence avec la version de 1966.

Bruce Springsteen - The Sun Ain't Gonna Shine (Anymore)


 


mercredi 19 juin 2024

Accordé à l'accordéon (12) - valse-swing, valse fantôme, mystérieuse... merveilles du musette

 

Il est temps pour la Cellule d'entrer en matière et de plonger enfin dans les merveilles du musette. Pourquoi ne pas débuter avec l'immense Jo Privat (1919-1996) qui nous guide dans les mystères de Paris?

Jo Privat "La Mystérieuse" (1945)


 Jo Privat "Valse fantôme" (1950)





vendredi 7 juin 2024

To je Salto! (Pologne, 1965)

 

Comme un morceau de rock'n'roll polonais vibrant dans une réalité parallèle... Nous sommes en 1965 et tout est un peu différent dans cette petite ville, où le héros (Zbigniew Cybulski) du film de Tadeusz Konwicki s'est retrouvé par hasard en sautant du train. La musique est du célèbre compositeur Wojciech Kilar qui malaxe la fièvre du rhythm'n'blues d'une manière flippante et inédite. La chorégraphie est vraiment incroyable.

Allez donc voir là : on y trouve le film dans son intégralité. La séquence dont je vous parle commence à 1h30mn et 22s. C'est stupéfiant!

Je vous mets ici la bande-annonce pour vous allécher :


 




 

 


mercredi 15 mai 2024

L'art du kantélé des Caréliens de Tver

 

C'est un minuscule îlot culturel et linguistique que la Cellule vous invite à visiter aujourd'hui : celui que représente les Caréliens installés dans la région de Tver (entre Moscou et Saint-Pétersbourg) depuis le XVIIe siècle (ils fuyaient alors l'invasion suédoise et les conversions au luthérianisme qu'elle impliquait). Ces Caréliens qui furent jusqu'à 150 000 au siècle dernier ne sont plus qu'une quinzaine de milliers à avoir conservé l'usage de la langue, proche cousine du finnois. Nos guides seront les gens de l'étiquette moldave, Antonovka Records dont le catalogue ouvre de merveilleux horizons aux oreilles avides de découvertes. En 2019, ils ont parcouru les villages de la région de Tver à la recherche des particularités musicales de cette petite minorité carélienne en cours d'absorption. En 2020, il en ont fait un très beau disque.

L'instrument phare de ce voyage est le merveilleux kantélé (dont nous avons déjà parlé ici). Les migrants du XVIIe siècle ne l'avaient pas emporté avec eux (pas sûr qu'il existât à l'époque) mais leurs descendants ne l'ont pas moins adopté à l'exemple de leurs cousins de la péninsule scandinave.

Deux morceaux interprétés par les adolescentes de l'ensemble Vihmane pour commencer. Le premier pour célébrer un mariage, le second intitulé les "cloches de Konevets".

Ensemble Vihmane "Suad'ban vir​ž​i" (2019)


 Ensemble Vihmane "Konevitsan kirkonvellot" (2019)
 

Sur le troisième morceau, toujours le même ensemble juvénile de kantélés mais avec une partie chantée.
 
 Ensemble Vihmane "Šano, šano, varane" (2019)
 

Un virtuose du kantélé plus chevronné du nom de Kegri pour prolonger l"exploration, avec une autre version des "Cloches de Konevets", le monastère sur l'île du lac Ladoga, d'où sont originaires les Caréliens de Tver.
 
Kegri "Konevitsan kirkonvellot" (2019)
 

Puis, un morceau pour danser - essayez donc... Danse stellaire sans doute.
 
Kegri "Karielan tanca n°1" (2019)
 

Il y a quelque chose de merveilleusement libéré de la pesanteur dans cette musique, qui peut faire penser aux compositions de Virginia Astley, par exemple. Écoutez ce morceau dédié à la "pureté du matin".

Kegri "Houmne​š​puhtahuš" (2019)


Et pour conclure notre excursion, une version express et a capella de l'Internationale en carélien de Tver. Je suis sûr que vous ne la connaissiez pas.

Viktor Kozlov "Internacionala" (2019)










 




mardi 7 mai 2024

Le cœur désolé de l'ouvrier immigré : Pedro Valente (1953)



Oh que la vie est triste,

Quelle triste vie que celle du manœuvre [parti en immigration]

Oh, quelle déception, quelle désolation!

Loin des parents,

De ta fiancée et des amis, 

Ça donne envie de pleurer, rien que de te souvenir

Tous les déchirements de la condition immigrée se retrouvent dans cette chanson du "bracero", le manœuvre, parti du Mexique pour tenter sa chance aux États-Unis et qui se retrouve blackboulé d'un état à l'autre dans une quête sans issue. Guitare hawaïenne, mariachi, yodel pour conclure sont les ingrédients musicaux de cette bourlingue désolée et conduisent le mélodrame à son apogée. Nous sommes en 1953 et le grand acteur, Pedro Infante, vient de graver un de ses morceaux les plus célèbres.

Pedro Valente con Mariachi Guadalajara  - Canto del Bracero (1953)

 


 






samedi 4 mai 2024

Bien des choses de la part de Moacir Santos (1965)

 

Le premier morceau s'intitule "Chose n°4", le deuxième, "Chose n° 10", le troisième , "Chose n° 5", et ainsi de suite dix fois, dans le plus parfait désordre, jusqu'à "Chose n° 8" : des pans entiers de la Musique Populaire Brésilienne défilent à vos oreilles, qui n'en croient pas leurs yeux. Nous sommes en 1965, Moacir Santos vient d'enregistrer à quarante-et-un ans le premier album sous son nom, un des disques de jazz les plus jubilatoires, les plus aboutis et les plus variés de la décennie que la Cellule vous suggère d'écouter dans son intégralité sans rien perdre de ce grand classique.

Moacir Santos "Coisas" (1965) 


 



lundi 29 avril 2024

Les Nuits de Saïgon au mitan des sixties : Phương Tâm

 

 

La carrière musicale de Phương Tâm à Saïgon est météorique. A seize ans à peine, elle devient chanteuse professionnelle dans la capitale du Viet-Nam du sud, dans un pays en guerre où la présence américaine est toujours plus forte. Elle choisit de placer son répertoire sous l'influence directe de la puissance d'Outre-Pacifique, qui excite alors, il est vrai, les oreilles de la planète entière. La nuit, elle passe d'un établissement à l'autre, motorisée par son paternel qui la transporte de night-club en night-club dans la partie huppée de Saïgon. Puis l'amour arrive et l'arrache à cette vie à 100 à l'heure et Phương Tâm plaque tout, à 21 ans, pour une relation interdite avec un toubib de l'armée. En deux ans, de 1964 à 1966, elle a cependant eu le temps d'enregistrer de nombreux hits qui auraient pu rester ensevelis dans les décombres de l'histoire (l'exil d'un côté, le puritanisme intransigeant des viet-congs de l'autre se conjuguant pour faire disparaître les traces de cette aventure musicale) sans l'obstination de sa fille qui découvrit tardivement - et d'abord avec incrédulité - cette facette de la vie se sa chère maman. Une très bonne compilation sous l'étiquette Sublime Frequencies est née de sa quête (vous la trouverez ici). Plonger donc dans le bain avec un de ses morceaux les plus toniques :

Phương Tâm - Có Nhớ Đêm Nào (Souviens-toi de la Nuit) [1964]


Autre facette fascinante de cette discographie nocturne :

Phương Tâm - Đêm Huyền Diệu (Nuit Magique) [1965]