vendredi 15 mars 2024

Accordé à l'accordéon : un petit tour dans l'histoire du piano à bretelle tyrolien

 

Aujourd'hui la Cellule plonge tête baissée dans un champ musical qui ne manquera pas de faire frémir certains : l'accordéon tyrolien. Comme on n'y connaît pas grand chose, On cale notre rétroviseur et on se laisse d'abord embarqué par un morceau qui nous a accroché l'oreille au hasard d'une compilation.

Difficile de donner des informations sur ce premier morceau. Celles qu'on trouvent sur la toile sont rares et partiellement contradictoires. Un duo d'accordéons (les frères Mikulas) joue avec un guitariste (Franz Zurst). Tous sont originaires du Tyrol. Nous sommes en 1931 ou peut-être en 1937. Le disque est sorti chez Polydor, étiquette où l'on trouve deux autres rares morceaux du trio. Le compositeur est Rudolf Strohmayer. Voilà tout. Sinon, la compilation où nous l'avons déniché ("Accordions of The World") est très recommandable, même si son livret n'est pas très bavard, on l'aura compris.

Mikulas Brüder & Zurst - Wiener Heurigen Marsch

Nous avons trouvé une version récente par un ensemble du genre folklorique tout à fait classique.

Jagawirtmusi  -Wiener Heurigen Marsch (2021)

 

Et puis pour changer, voici un autre groupe de musique tyrolienne beaucoup moins à cheval sur les conventions. Le folklore est ici secoué avec une autre énergie et le morceau est devenu un temps, à la maison, l'hymne national d'Amélie (deux ans). On vous aura prévenu.

 Attwenger "He-U" (1991)

 


 



dimanche 25 février 2024

Tiens, un pur tube soul de 2023 : Eli 'Paperboy' Reed.

 

Il n'y en a pas tant que ça alors ç'eût été bête de le louper. Heureusement, la Cellule veille!

Eli 'Paperboy' Reed "IDKWYCTD (I Came To Play)" (2023)



samedi 17 février 2024

Impérial : quand Sam Cooke rencontre Little Anthony (1959)

 


Quand Little Anthony rencontre Sam Cooke en 1959 à New-York, ce sont pas tout à fait deux générations qui entrent en contact, mais presque. Jerome "Little" Anthony Gourdine, à tout juste dix-neuf piges, est le leader d'un groupe de doo-wop qui vient de changer de nom - les farceurs ("Jesters") sont devenus les Imperials tout de même plus majestueux - et qui est sur le point de se transformer en machine à tubes qui vont squatter les charts pop du début des 60's. Sam Cooke, de dix ans son aîné, est quant à lui tout en haut de l'affiche, considéré depuis longtemps comme l'un des plus grands musiciens noirs que l'Amérique ait jamais enfanté. Les puristes ont pleuré sa désertion du circuit gospel mais sa popularité est immense. La collision imprévue de l'étoile à son zénith et de la jeune pousse donne naissance à un des morceaux les plus intenses de la période (qui détonne passablement dans la discographie du petit Anthony).

Little Anthony & The Imperials - I'm Alright (1959)


 


mardi 6 février 2024

Plagiat par anticipation : une intro de Badfinger et celles des Smiths en général

 


Je sais, ce n'est pas très original pour quelqu'un de ma génération (et c'est un indice fort pour déterminer quelle est ma génération si vous ne la savez pas), mais j'ai vraiment beaucoup écouté les Smiths quand j'étais au lycée et bien sûr j'étais extrêmement impressionné par les intros du groupe. Sauf qu'aujourd'hui, je viens de découvrir que ce n'est peut-être pas Johnny Marr et les autres qui ont inventé les intros incroyables qui signent plus que quoi que ce soit d'autres le son des Smiths. On dirait bien que c'est plutôt Badfinger six ans avant que Morrissey ne rencontre Johnny Marr. Écoutez les 16 premières secondes de "Know One Knows", c'est stupéfiant (et le reste vaut aussi la peine mais pour d'autres raisons).

Badfinger "Know One Knows" (1974)


 


lundi 29 janvier 2024

Googoosh amère

 

Parce que cela fait bien trop longtemps que l'on ne s'est pas remis Googoosh, la grande chanteuse iranienne, entre les oreilles sur la Cellule, voici une déchirante chanson d'amour impossible dont l'amertume s'insinue insidieusement sous votre cage thoracique et ne vous lâche plus.

Googoosh -  ma beham nemiresim - ما بم هم نمى دسىم




mercredi 10 janvier 2024

Depuis le ranch du Nouvel An, on embarque avec Edu Lobo (Cantiga de Longe, 1970)

 

On commence l'année sur la Cellule par un très haut sommet de la MPB (mais un sommet qui se monte en douceur) avec Cantiga de Longe d'Edu Lobo. S'il fallait un prétexte, on pourrait le trouver avec ce morceau aussi merveilleux que surprenant :

 Rancho de Ano novo (1970)

Ce Ranch du Nouvel An serait alors le point de départ d'un voyage plein de mélancolie, somptueux cependant :

au début de la nouvelle année
je reviendrai te chercher
voilà le nouveau bateau
qui est tombé du ciel dans la mer

On entend la corne de brume qui appelle. Le signal est déchirant, on ne peut plus reculer mais c'est sur l'album intégralement qu'il s'agit d'embarquer. Edu Lobo n'y est pas seul : le Quarteto Em Cy l'accompagne et aussi (entre autres) le percussionniste Airto Moreira ou l'arrangeur et pan-instrumentiste Hermeto Pascoal idolâtré par Miles Davis. La production du disque est sans doute une des choses les plus précieuses qui soit. Jazz, pop, musique nordestine, bossa, Edu Lobo a recours à tous ces ingrédients mélangés selon des proportions extraordinairement originales. Tout est ici impressionnant de maîtrise, de délicatesse, de créativité. De ces chansons de loin, pleines de nostalgie, on ne revient pas vraiment.

Edu Lobo - Cantiga de Longe (l'album complet)


 

 

 

 

 

mercredi 13 décembre 2023

Merveilleux dulcimers des Appalaches : ceux d'I.D. Stamper

Difficile d'être plus loin du monde à paillettes de la pop music! Quand paraît le seul et unique disque d' I.D. Stamper, en 1977, cela fait bien longtemps qu'il n'est plus un adolescent. Cet ancien mineur du Kentucky était aussi un fabuleux musicien et un constructeur hors pair. Il jouait de l'harmonica, du banjo, du violon, mais son instrument fétiche était le dulcimer des Appalaches dont il confectionna des centaines d'exemplaires dans la plus pure tradition locale. Voyez-le ici à l’œuvre

Quant à sa propre technique musicale, elle se caractérise par une forte influence du blues couplée à la virtuosité des joueurs de cordes des Appalaches. Le résultat est comme hors du temps. Laissez-vous emporter par cette merveille capable de vous faire voyager comme les plus hypnotiques ragas de la musique indienne.


Red Wing, c'est aussi le titre de l'unique album d'ID Stamper que vous pouvez toujours vous procurer sur Bandcamp, ici. Un an plus tôt, en 1976, les mêmes passionnés animateurs de l'étiquette June Appal Recordings avaient réalisé un film "Sourwood Mountain Dulcimers" où ID Stamper apparaît. L'extrait absolument merveilleux est sur la même page (retournez-y illico si vous l'avez manqué) où le DVD est disponible .