jeudi 30 janvier 2020

Vaudou calypso, Zingue Talala et autres merveilles de Trinidad



On plonge aujourd'hui au cœur du deep calypso avec une merveille chantée en dialecte yoruba par le Roaring Lion (alias Rafael de Leon) et tout imprégné de vaudou. Le disque a été enregistré à Port of Spain le 7 mars 1938 et c'est un des titres les plus saisissants de toute la musique trinidéenne.

The Roaring Lion accompagné par le Codallo's Top Hatters Orchestra "Hojoe" (1938)


On ne s'arrête pas en si bon chemin et on prolonge avec un calypso sombre chanté en patois français par Attila le Hun. Le sujet explicite de "Zingue Talala" concerne la triste condition d'orphelin, mais la chanson est aussi plein de double-entendre qui évoque notamment les combats de baton kalinda. La galette a été enregistrée à New-York le 16 février 1937.

Attila The Hun accompagné  par Gerald Clark et ses Caribbean Serenaders "Zingue Talala" (1937)



PS : La photo en haut du post illustre l'amitié des deux calypsonians, le Lion et Attila le Hun, amitié assez rare dans ce monde de joutes incessantes et de rivalités exacerbées qui est celui du calypso. Allez voir là si ça vous dit pour en savoir plus (et c'est là où on a trouvé la photo).

samedi 25 janvier 2020

Bagarre calypso (1936) : Rendez-nous nos bâtons!

Lors du carnaval de Trinidad, des combats de bâton ont traditionnellement lieu. A l'époque colonial, ils ont été plusieurs fois interdits ou limités. Au tout début du XXe siècle, un certain Millington, apparemment un policier, semble avoir eu un rôle tout particulier dans la répression du kalinda, cet art martial d'origine africaine. Trente-cinq ans plus tard King Radio (alias Norman Span) et The Tiger (Neville Marcano) se mettent à deux pour réclamer en français créole leur bâton. Un morceau complètement entêtant eneregistré à New-York en 1936, où le calypso lorgne du côté du scat!

 King Radio, The Tiger accompagné par Gerald Clark et des Caribbean Serenaders "Millington" (1936)


PS : Si vous voulez en savoir plus à propos du tableau peint par le suisse François Aimé Louis Dumoulin (1753-1834) et conservé au Musée de Vevey, n'hésitez pas à suivre ce lien.

jeudi 23 janvier 2020

Trinidad quintessence : deux calypsos et une valse avec l'orchestre de Lionel Belasco

Le pianiste Lionel Belasco est un des pionniers du Calypso. C'est aussi peut-être le musiciens antillais à avoir enregistré avec son orchestre le plus de morceaux avant la Deuxième Guerre mondiale. Ses origines à la fois juives et afro-américaines font de lui un représentant exemplaire du métissage généralisé de l'ile de Trinidad, qui s'exprime dans la musique par le grand mélange des traditions africaines, brésiliennes, européennes et nord-américaines. Mais rentrons vite dans le vif du sujet avec un calypso classique chanté à moitié en anglais et à moitié en créole français par le grand Wilmoth Houdini accompagné par l'orchestre de Lionel Belasco, dont il faut admirer la versatilité poly-rythmique.

"Blow Wind Blow" (1928)


On ne quitte pas cette session d'enregistrement new-yorkaise du 14 août 1928 et on se laisse charmer par "Caroline".

"Caroline" (1928)

On peur remonter maintenant dix ans en arrière et se lancer dans une valse caribéenne, peut-être encore plus dépaysante et toujours parfaite pour notre rubrique prénominale :





dimanche 12 janvier 2020

Un peu de soie bleue pour Hank Williams en 1969



Nous sommes à New-York en 1969 et quelques musiciens folks très affutés par de multiples sessions d'enregistrement se rendent compte que c'est sans doute le bon moment de renouveler la veine country bluegrass et de l'adapter à l'air du temps, l'écoute des Flying Burrito Brothers n'étant pas pour rien dans cette soudaine prise de conscience. Le Blue Velvet Band qu'ils montent pour l'occasion est un peu sage sans doute par rapport à leurs homologues californiens. Leur seul et unique album peu diffusé fait cependant l'objet d'un petit culte mérité car il contient quelques pépites franchement délectables, comme cette reprise du merveilleux "Ramblin' Man" d'Hank Williams.


Ecoutez aussi le très beau et très dépouillé "Little Sadie" avec Bill Keith au banjo.


mercredi 8 janvier 2020

Trésors sous la mer : Sven Libaek (1973)


Les homologues australiens du commandant Cousteau s'appellent Ron et Val Taylor, un couple de plongeurs qui abreuvèrent l'Océanie d'images sous-marines durant toutes les années 60 et 70. En 1973, pour leur série télévisée, ils eurent l'idée géniale de confier la bande-son au compositeur Sven Libaek qui leur concocta une petite série de symphonies de poche pour masques, tubas et guitare wah wah, parmi lesquels la Cellule pioche aujourd'hui deux titres merveilleux. Le premier s'intitule "Dark World" et me fait immanquablement penser à une nouvelle version de "The Look of Love" renchérissant sur celle déjà sublime d'Isaac Hayes.


Le second titre correspond au générique de la série. Est-ce que j'ai tort d'y entendre comme un écho au Concerto de Aranjuez?

"Inner Space"


Pour en savoir plus sur Sven Libaek, allez donc voir cet excellent post du blog Falsh Strap. Dépéchez-vous avant que tous les liens soient morts.


Recommandé par Steve Zissou!

lundi 6 janvier 2020

Plagiat par anticipation : Sven Libaek / The High Llamas

On commence l'année tout en douceur sur la Cellule avec ce post documentant un nouvel épisode troublant de plagiat par anticipation. Le responsable est un musicien ultraprolifique, australien d'origine norvégienne, Sven Libaek, qui a enregistré à Sydney en 1974 un album instrumental avec l'espace pour thème et le Qasar, un tout nouveau synthétiseur de création locale pour attraction. Or sur ce disque étoilé, il décalque avec une vingtaine d'années d'avance les trajectoires funambulesques des magnifiques High Llamas de Sean O'Hagan. Jugez donc par vous-même :
 "Stella Maris"


Si vous voulez en découvrir plus sur Sven Libaek, vous trouverez là un article qui retrace son itinéraire de compositeur/arrangeur bouledeneigimique (on a le droit de faire des jeux de mots-valises, non?) et ça vaut rudement la peine même si on ne s'avalera pas tout sous peine de dangereux troubles de la digestion. Vous trouverez aussi ici une émission radio qui lui a été consacrée sur WMFU. Et pour la bonne bouche, ces sidérantes : 

"Conversations With Hal"



Sean O'Hagan