samedi 21 décembre 2019

Le 21 décembre 1981, les Lyres...

Le 21 décembre 1981, les Lyres enregistraient un des 45T les plus parfaits de l'histoire du garage rock. Sur la face A : "Help You Ann"


Retournez le disque et vous avez : "I Really Want You Right Now"


Le disque n'est sorti qu'en 1983. Et peut-être n'est-il pas utile de dire plus sinon "Joyeux solstice".

samedi 14 décembre 2019

Découvertes slovaques (musique et art populaire, deux en un)

(phot. EB, 22 juillet 2019)
Aujourd'hui, la Cellule se penche sur les expression populaires savoureuses en provenance de Slovaquie. Branchons d'abord la musique pour assurer l'ambiance :


Et prenons le temps de saluer les figurines en bois de M. Josef Smutniak qui ont été récupérées après sa mort par un autre sculpteur M. Dalo, qui a une petite galerie personnelle au fond de son jardin dans la petite ville de Liptovský Hrádok. J'aime beaucoup ces personnages avec leur coiffure identique  - s'agit-il de perruques populaires, de crèpes toutes retombées miraculeusement de la même façon ? les slovaques musiciens ont-ils tous le même coiffeur ? J'aime aussi leur invraisemblables propositions musicales. Essayez donc de jouer du violon avec une baguette tradition ou de jouer de la flute avec le menton.



Et pour ne pas rester les deux pieds dans le même sabot, on vous propose maintenant de danser sur les airs du groupe Roooombaaaa installé à Prague. Les musiciens sont originaires des Balkans ou de l'ex-Tchécoslovaquie mais les deux chansons du jour sont typiquement slovaques, me dit-on. Si vous commencez à sautiller, je vous préviens : il faut une bonne condition physique pour tenir jusqu'au bout en suivant à la lettre les traditions athlétiques de la chorégraphie slovaque. Mais allez, on y retourne gaillardement avec Očko, chanson du folklore trépidante et vacharde (quelque chose un peu dans le genre satyrique carabiné du sieur de Sigogne, ou de "Félicie aussi" chantée par Fernandel si vous préférez).





mercredi 4 décembre 2019

Graines de fleurs bleues contondantes (les sources de Boby Lapointe)

Un poète avec un couteau, on n'imagine pas Charles Trenet spontanément comme ça. Pourtant l'humour du fou chantant se teinte souvent d'une nuance tout à fait grinçante. La fleur bleue de Novalis a subi bien des outrages et celui que Charles Trenet lui inflige dans "Miss Emily" annonce si bien les fantaisies contondantes de Boby Lapointe que le lien apparaît encore plus direct qu'on ne croyait entre le chanteur de Narbonne et celui de Pézenas.

Charles Trenet - Miss Emily (1938)


Par chance, la voie de l’humour noir croise aujourd'hui notre obsession des prénoms illustrés en musique. On vous recommande à ce double titre les rimes jubilatoires de la chanson suivante que Boby Lapointe a forcément appréciées en fin connaisseur :

Charles Trenet - Annie-Anna (1939)


lundi 2 décembre 2019

Le ska tchèque, la révolte post-punk et les couettes de Jana Kratochvílová

En ce début des années 80, les marges de manœuvres des rockers tchécoslovaques sont sévèrement bornées. Quelques années plus tôt, le groupe Plastic People of the Universe (à Paris la semaine dernière, entre nous soit dit) avait fait les frais d'une répression féroce et de la solidarité manifestée par de nombreux dissidents était née la Charte 77. C'est une autre histoire mais elle plante bien le décor.

Ainsi, quand une chanteuse de variété se met en tête de s'inspirer de la vague punk qui déferle depuis Londres, les obstacles se multiplient sur sa route. Il lui faut bien sûr lisser en partie son propos selon les canons idéologiques en vigueur mais ses fantaisies d'apparence suffisent à elles seules à mettre hors d'eux-mêmes les apparatchiks communistes. 

Jana Kratochvílová a suivi le mouvement qui amène les punk anglais à s'ouvrir de plus en plus aux musiques jamaïcaines et ses chansons sont nettement influencée par le reggae tandis que la dégaine des punks anglaises déteint sur la sienne. Les autorités veillent à ce que ses fringues soient moins trash que celles des égéries du post-punk et à la place des dreadlocks, Jana arbore par exemple de simples couettes mais elles deviennent des symboles subversifs.
C'est autour de ces maudites couettes que tourne cette chanson curieusement exotique (le reggae chabada bada!) et vraiment entraînante :


Jana Kratochvílová - Copánky (1981)

Jana Kratochvílová ne passera plus guère à la télévision tchécoslovaque après ça. Invitée en 1983 à un festival en Angleterre pour lequel elle avait l'autorisation de sortie, elle préférera rester là-bas au grand soulagement des bureaucrates conformistes.

dimanche 1 décembre 2019

mercredi 27 novembre 2019

Histoire du yodel en Tanzanie : Salum Abdallah et le Cuban Marimba Band



C'est une nouvelle fois John Storms Robert et son étiquette bénie, Original Records (ici avec sa compilation Tanzania Sound), qui nous amènent en ces parages peu fréquentés. Nous sommes à la fin des années 40 quand Salum Abdallah, un métis entreprenant, décide de fonder un orchestre dédié à la musique de danse moderne, c'est-à-dire à la rumba, en provenance de Cuba via le Congo voisin. D'abord nommé La Paloma en 1948, son groupe devient le Cuban Marimba Band en 1952. L'acclimatation intègre des instruments ou des genres locaux (comme le magnifique taaraab de Zanzibar). D'autres influences pop ou country se mêlent au tourbillon dynamique qui se prépare à Morogoro, la ville la plus festive de Tanzanie. Et c'est ainsi que l'on peut vouer aux gémonies les impérialistes encore au pouvoir au Mozambique, en Angola ou bien sûr en Afrique du Sud, en poussant les trilles du yodel le plus cubain (non sans quelques inflexions arabes) sur un titre ensorcelant comme "Beberu" :

Salum Abdallah et le Cuban Marimba Band "Beberu" (1960)


samedi 23 novembre 2019

Les merveilles javanaises du label Original Records

La passion pour les productions du label Original Records animé par l'aventureux ethnomusicologue John Storm Roberts (1936-2009) ne cesse d'augmenter à la Cellule. Direction Java cette fois-ci pour des enregistrements réalisés Jack Body en 1976 et 1978 dans les rues de Yogyakarta. Les musiciens sont anonymes et l'on ne connait que le genre qu'ils illustrent et les instruments qu'ils utilisent. C'est cependant captivant. Prenez, par exemple, le genre dit du kroncong. Il se joue avec violon, ukulele, guitare et violoncelle. Les influences portugaises remontent ici au XVIIe siècle. C'est à la fois plein de sophistication et brut, familier et parfaitement étrange. Et c'est merveilleux la saudade javanaise.
 
 
Jasli Jali Kroncong Asli
 
 
Mais prenez le genre du dangdut, c'est totalement différent (avec peut-être une petite affinité dans le jeu de guitare). Les influences sont plutôt pop, la rythmique est au centre et cette fois-ci c'est une jeune femme qui nous entraine directement au pays de la pleine euphorie.
 
 Asoi (Dangdut)
 
 


 




mardi 19 novembre 2019

Marie-José transtlantique avec le Ry-Co Jazz

Notre séquence autour des prénoms trace avec insistance un trait qui relie les francophonies tropicales du Congo et des Caraïbes. Un groupe plein d'influence réunit à lui tout seul les deux côtés de l'océan, c'est le Ry-Co Jazz qui emmena quelques-uns des plus illustres rumberos des deux Congo tenter leur chance dans les Antilles. Les échanges se multiplièrent dans les deux sens et le genre tumbélé est né de ce voyage à haute portée syncrétique. Il enfanta aussi un morceau imparable à la gloire de Marie-José, "la dame à scoubidous". Personne n'a pu y rester de marbre.
 
Ry-Co Jazz "Marie-José" (1969) 
 

 


mercredi 13 novembre 2019

L'ode à Emma de Thomas Mapfumo (1983)



Thomas Mapfumo ne ménage pas les pédales d'effet quand il veut dédier une chanson à Emma. Nous sommes en 1983 et le plus grand nom de la musique zimbabwéenne est suffisamment reconnu pour enregistrer à New-York. Une curieuse froideur envahit les sonorités de sa chanson.

Thomas Mapfumo - Emma (1983)




PS : Emma, j'ai imaginé que c'était une femme, mais ma connaissance du shona est absolument nulle. Si ça se trouve, c'est un instrument aratoire ou le nom usuel des soucoupes volantes...


mardi 12 novembre 2019

Prénoms chéris : Pauline



Dans la rumba congolaise, le roi des instruments, c'est la guitare. Et le dieu de la guitare, c'est Nico Kasanda alias Docteur Nico. C'était évident à l'écoute de son tube "Tu m'as déçu chouchou" ou du bien nommé "Mambo Hawaienne", mais pour la première fois je tombe sur un photo qui le prouve en couverture d'une compilation qui lui est consacrée : Docteur Nico, à Kinshasa possédait une guitare hawaienne, une lap steel. C'est la seule incursion à ma connaissance de cet instrument dans la musique congolaise (j'aimerai beaucoup que l'on me prouve le contraire avec d'autres exemples d'audacieux glissandos kinois).

Puisque l'on s'intéresse aux prénoms, écoutons donc le merveilleux Pauline, qui commence par cet invective "hey Nico, dieu de la guitare !" et laissons nous bercer par la celeste guitare du petit frère de Dechaud Kasanda.

Limpidité miraculeuse des musiques de la ceinture du cuivre zambienne

Tous les disques publiés sur l'étiquette Original Music, alimentée dans les années 1980 par le musicologue John Storm Roberts sont de petits miracles. L'album consacré aux chansons de la ceinture du cuivre zambienne ne fait pas exception. Les enregistrements datent de 1957. Ils ont été réalisés par Hugh Tracey, un précurseur de J.S. Roberts. Nous sommes à la frontière du Congo et de fait le sud-est de l'ancien Zaïre et la Zambie minière appartiennent au même ensemble géographique et culturel. La rumba, les influences sud-africaines, une pincée de country aussi se mêlent ici dans un grand dépouillement admirable. Régalez-vous donc avec cette petite sélection dont la légèreté n'a d'égale que la dureté des conditions de travail alors en vigueur :




vendredi 8 novembre 2019

C'est toujours la même chose



Comment faire pour produire avec constance toutes les bandes originales des films de série A, de série B et même des plus improbables séries Z du cinéma italien des années 70 ? Le génial maestro Ennio Morricone a la solution : le plagiat. Mais qui plagier quand on est le meilleur ? Soi-même bien sûr !

Aujourd’hui la cellule d’écoute vous propose un petit exercice de gymnastique auditive : écouter deux fois presque le même morceau. C’est pareil, c’est différent, c’est identique mais pas tout à fait, répétition et variation, chaque version met en valeur sa jumelle.




mercredi 6 novembre 2019

Prénoms toujours : Géraldine


En 1972, Jean-Claude Vannier compose le générique d'une émission pour France Inter : Point d’Interrogation. Le titre de ce thème : Je m'appelle Géraldine, électrisante rengaine entrainante et mélancolique. Les oreilles pointues auront reconnu la patte de l'arrangeur qui a signé l'année précédente l' Histoire de Melody Nelson avec Serge Gainsbourg.



En bonus, je vous glisse le plus percussif "L'ours paresseux" toujours composé par celui qui, selon sa légende aurait appris les rudiments de l'orchestration en potassant un « Que sais-je ? ».

mardi 5 novembre 2019

Rachel aussi est un prénom chéri

Petit garçon dans un corps d'homme âgé, R. Steevie Moore essaie maladroitement d'ensorceler Rachel :
« Please, fall in love with me », tente-t-il...
Sait-on jamais, des fois que.

R. Steevie Moore — « Hey Rachel » —1984



La méthode a peu de chances de porter ses fruits sur la dite Rachel, mais elle fait fondre la cellule.
Comme la plupart des chansons de R. Steevie Moore d'ailleurs, qui en a enregistrées près de 2000 et pas loin de 400 albums depuis 1966. Des bijoux de mélodie d'une complexité pourtant accessible, quelque part au voisinage de John Lennon et Brian Wilson.
Sans rire.

Pionnier de la culture K7 et du DIY né à Nashville, Tennessee, il envoie encore aujourd'hui lui-même ses productions sur bandes magnétiques aux commanditaires qui s'égaient dans la nature.
Mais pourquoi sont-ils si peu nombreux et R. Steevie Moore si peu connu ?
C'est un mystère à éclaircir.

Ça n'empêche pas certains, comme Giacomo Nanni, de mettre en images leur amour pour cette magie.

R. Steevie Moore — « I don't think she knows » —1978


Et comme je n'arrive jamais à clôturer une écoute de R. Steevie Moore par une autre chanson que celle qui va suivre, je vous en fais profiter. Non mais !

R. Steevie Moore — « I never know » —1978


jeudi 31 octobre 2019

La ronde des prénoms chéris et la cumbia wah-wah de Los Destellos




A la croisée du rock instrumental dérivé des groupes comme les Ventures et des traditions locales (cumbia, guajira), Los Destellos créés en 1968 ont enchanté les seventies péruviennes fournissant chaque année un ou plusieurs albums. En 1975, ils sortent l'album Linda Chiquilina, en intégrant à leur son quelques claviers d'époque furieusement bien sentis. Deux des meilleurs titres célèbrent des jeunes femmes à qui nous rendons à notre tour hommage :

Los Destellos - Natalia (1975)


Los Destellos - Linda Chiquilina (1975)


En bonus, n'oublions pas leur tube interstellaire, le chef d’œuvre de la cumbia wah-wah, l'ode immortelle à la gloire de toutes les Patricia!

Los Destellos - A Patricia (1971)


Ce dernier morceau est bien connu pour avoir figuré sur plusieurs compilations fameuses. L'étiquette Vampi-Soul vient de sortir une excellente sélection entièrement consacrée aux Destellos. Le plus sage est encore de se jeter dessus sans plus attendre.




lundi 28 octobre 2019

On sait comment ça commence mais... (Los Sicodelicos, Chili, 1967)

Avec Los Sicodélicos, on sait comment ça commence (en gros le truc beat habituel et par exemple l'intro de "Paint It Black") mais ensuite ça se complique de manière plus ou moins improbable et on se rend compte que le Chili comptait lui aussi (au moins) un groupe joyeusement inventif et jubilatoire dans les sixties.

Los Sicodélicos "I'm a Beast / Soy una bestia" (1968)


L'album entier ("Sicodelirium") est tout à fait agréable :
 
 
Évidemment, l'occasion est bonne de saluer nos amis chiliens et leur magnifique soulèvement!






vendredi 25 octobre 2019

Madagascar euphorique!

On n'avait vraiment rien dit jusqu'ici sur la Cellule de la musique malgache qu'à la vérité on ignorait honteusement, mais tout est en train de changer avec la magnifique compilation que le label Strut vient de consacrer aux productions de la grande île rouge. On ne prend pas même le temps de noter les renseignements les plus élémentaires pour vous vanter cette petite merveille et vous mettre entre les oreilles un morceau parfaitement renversant qui procure une euphorie comparable aux morceaux les plus stimulants du Kenya ou du Zimbabwe (par exemple), avec un son qui lorgne très curieusement du côté des productions indie des années 80 (qu'on ne devait pourtant guère connaître à Tananarive) :

Terak' Anosy Group "Soaliza"




mardi 22 octobre 2019

Anachronique et magnifique : Maladie d'amour au Congo par l'African Jazz



Joseph Kabasélé, dit le Grand Kallé, vient de prendre le micro pour vous exposer ses tourments amoureux. L'African Jazz est là pour le soutenir avec grâce. Nous sommes en 1966 ou 1967 et c'est terriblement décalé de roucouler ainsi sa peine dans un français hors d'âge, que l'on soit sur les bords du Zaïre ou sur ceux de la Seine. Merveille de l'anachronisme!

Grand Kallé et l'African Jazz "Mon Pauvre Cœur"


dimanche 20 octobre 2019

Les Matadors, les cracs du bigbeat tchèque (1967)

Quand la vague beat déferle sur l'Europe des années 60, rien ne l'arrête, pas même le rideau de fer. En arrivant en Tchécoslovaquie, le genre devient le bigbeat et sa meilleure illustration vient d'un groupe au nom exotique : les Matadors. Rien à voir avec la corrida cependant, c'est d'abord le nom d'un orgue électronique fabriqué par une marque est-allemande avec qui le groupe est en contrat. Les Matadors ne produiront qu'un album et une poignée de 45T sur l'étiquette nationale Supraphon, ce qui est bien dommage car c'est un des tout bons groupes des sixties toutes origines géographiques confondues, avec un son quelquefois très proche de celui de Manfred Mann. Leur tube, c'est Zlatý Důl / Hate Everything Except Of Hatter, qui existe en tchèque et en anglais. Évidemment, c'est en tchèque que nous vous le proposons.
The Matadors "Zlatý Důl" (1967)
" Get Down From The Tree" est aussi un titre de première bourre. Vous le connaissiez peut-être du reste, puisqu'on le trouvait sur le second coffret des fameux Nuggets.
The Matadors "Get Down The Tree" (1967) 






mercredi 16 octobre 2019

Les miettes du festin : Townes Van Zandt (1971-1972)


Townes Van Zandt fait partie de ces quelques musiciens qui ont fait vraiment trop peu de disques pour nous rassasier. On se jette sur la moindre miette qui parait en réédition parce qu'elle peut cacher une pépite. Parmi les démos de 1971-1972, période faste, publiées sous le titre "Sunshine Boy", on trouve par exemple une magnifique version de Pancho & Lefty dépouillée de ses cordes et cuivres et qui sonnent tout aussi bien sans (pas nécessairement mieux mais tout aussi bien) : 


On y trouve aussi la face B d'un 45T, quasiment inconnu, avec un gros son pas très fréquent chez TVZ.

Townes Van Zandt, Sunshine Boy (1972)


Ou encore une reprise fragile et merveilleuse de "Dead Flowers" des Stones.

Townes Van Zandt, Dead Flowers (démo)




dimanche 13 octobre 2019

Mai 1969 : Dillard and Clark pour s'envoler



Gene Clark après sa rupture avec les Byrds a un temps poursuivi son aventure musical avec le génial banjoiste Doug Dillard dans une veine qui intègre une forte dimension country bluegrass. En mai 1969, entre les deux albums, se glisse dans la courte discographie du duo une petite merveille de 45T qui fut longtemps mythique parce qu'on ne retrouvait la chanson-titre nulle part ailleurs.

Dillard and Clark "Why Not Your Baby" (1969)


Le songwriting est fameux et tendrement désespéré. C'est à la fois enraciné dans le meilleur de la tradition et produit avec une magnificence de cordes inouïe. C'est une chanson qui me fait toujours décoller. Un peu dans la même direction que les BO d'Ennio Morricone.

Sur l'autre face, "Radio Song" est une sacrée réussite aussi.

Dillard and Clark "Radio Song" (1969)


PS : Ce morceau fétiche m'est revenu entre les oreilles ce matin en écoutant une K7 de fan élaborée par un fin connaisseur qui a choisi de réagencer le second album du duo réputé un peu moins bon que le premier. Le résultat est excellent. On trouvera d'autres heureuses manipulations de cet obsessionnel compulsif plein de délicatesse sur son blog : "its lost its found".


lundi 7 octobre 2019

Le génie en contrebande : danser à Brazzaville avec le Rock-A-Mambo

1960. Jean Serge Essous, animateur des soirées chaudes de Brazzaville,est un des grands introducteurs des rythmes afro-cubains dans la capitale de l'autre Congo. Le nom de son orchestre Rock-A-Mambo pourrait vous induire en erreur car c'est plutôt du côté du cha-cha-cha et du son que les racines musicales du groupe sont à chercher. Pour illustrer le genre avec classe, Jean Serge Essous n'hésite pas à faire traverser le grand fleuve à la fine fleur des musiciens de Kinshasa, et notamment à l'orchestre African Jazz dans son ensemble ou presque. Joseph Kabassélé (alias le Grand Kallé) et Rossignol se partagent le chant, Nico (l'immense Dr. Nico) et Tino sont à la guitare, Essous a gardé la clarinette et Roitelet est à la basse. Autour dire qu'il est difficile de réunir une pléiade plus lumineuse dans le ciel de la rumba congolaise. Si la musique cubaine est réinventée avec une virtuosité qui ne laisse rien à désirer, pour ce qui concerne les paroles, l'espagnol est de contrebande garantie pur sucre. Rien ne vous empêchera de danser avec "Baila". On ne vous laisse d'ailleurs pas vraiment le choix :

"O Baila, O Baila / El nuevo ritmo de cha cha cha / La señorita que lo baila / O Baila, O Baila / La música bella mexicana/ Santa Maria!/ Mi amor, mi chiquita / De mi corazón / Feliz de la vida / Saca la cabeza / Ritmo Rock a mambo / Música africana / Ritmo mexicano / Saca la cabeza"

"Baila, 1960" 






Guetter le sommeil comme à la chasse

Il faut sans doute avoir été ermite durant les 50 dernières années pour avoir échappé à la relecture funk qu'Herbie Hancock a faite de son propre « Watermelon man » en 1973.
Mais connait-on aussi bien le chant pygmée de retour de chasse qui a inspiré son introduction rythmique ?
Je ne sais pas pour vous, ni pourquoi, mais ce morceau des Ba-Benzélé me donne irrépressiblement envie de rejoindre la position horizontale et le sommeil.
Ou le rêve éveillé, c'est selon.
À tel point que j'ai cru pendant longtemps que c'était une berceuse.
La fatigue due à la chasse sans doute.


Pygmées Ba-Benzélé — « Solo de Hindewhou (sifflet) » — 1966


Le nom de la flûte Hindewhou est une onomatopée reproduisant l'alternance, caractéristique de cet instrument, de son vocalisés puis soufflés dans cette flûte taillée dans une tige de papaye.

(photo : Simha Arom)

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Et puis, parce qu'il est toujours bon de se remémorer les classiques, je vous propose d'écouter à nouveau la version qu'en donne Bill Summers au début et à la fin du morceau d'Herbie Hancock. Il troque pour l'occasion la flute Hindewhou pour une bouteille de bière bien accordée.

 
Herbie Hancock — « Watermelon man » — 1973
 

Bonne journée la compagnie !
Ou plutôt bonne nuit...

lundi 30 septembre 2019

Collision : la rumba en swing


Nous sommes en 1947 et la fine fleur de la musique cubaine est de plus en plus tentée d'aller secouer le cocotier de la réussite dans les frimas du nord de l'Amérique. C'est ainsi à New-York que se retrouvent le grand conguero Chano Pozo, Arsenio Rodriguez le génial guitariste aveugle avec sa guitare à trois cordes (tres) ainsi que Machito et tout son orchestre flamboyant. On organise alors quelques séances d'enregistrement mythiques où les meilleurs musiciens afro-cubains se frottent volontiers au swing local. 

Chano Pozo y su Conjunto (avec Arsenio Rodriguez) "Seven Seven" (1947) 


Machito et son orchestre, avec Chano Pozo et Arsenio Rodriguez "Rumba en Swing" (1947)


Peu de temps après, Chano Pozo sera embarqué par Dizzie Gillepsie dans l'aventure be bop et aura un rôle fondamental dans la fusion du jazz moderne et des musiques afro-cubaines. Le voyage sera intense mais bref. Après avoir créé avec Diz plusieurs des morceaux les plus emblématiques du genre naissant Chano Pozo se fait flinguer à Harlem, au mois de décembre 1948. Il n'a que 34 ans. Mais c'est encore une autre histoire.

samedi 28 septembre 2019

Crin crin sauvage : Harry Choates (1949)

Le roi du fiddle chez les cajuns de la Louisiane, c'est Harry Choates et puis c'est chouette, Harry Choates mais ça déménage. Essayez donc voir ce boogie de 1949. On a pas attendu que vous naissiez pour swinger comme des sauvages! Vous reprendrez votre souffle un autre jour.
 
Harry Choates - Louisiana boogie (1949)