mardi 31 mars 2020

Twist with the doctor : les premiers enregistrements de Beny Moré et la pénicilline (1943)

Non, non il ne s'agit pas du produit dont tout le monde parle, mais à la Cellule souvent on retarde  d'une guerre ou deux, vous savez. Aujourd'hui, on s'envole donc pour Cuba qui n'est pas seulement spécialisé  dans la formation des toubibs compétents mais aussi dans celle des musiciens de grande classe, Beny Moré, le barbaro del ritmo, au premier rang. Nous nous plongeons dans ses tous premiers enregistrements avec le Conjuto Matamoros. Ils sont trois à chanter les mérites de la pénicilline : Siro Rodrigues, Miguel Matamoros et Beny! Ouille! Aille! Aille, aille, aille! sur un rythme entrainant et prophylactique :

Conjuto Matamoros "Penicilina" (1943)





dimanche 29 mars 2020

Dans les malles du rock psyché cintré : Synanthesia (1969)

La pochette déjà c'est quelque chose avec cette grosse souche sexy comme une serpillère au premier regard mais en fait assez fascinante quand on se laisse aller au jeu de l'interprétation paréidolique. Le nom est lui aussi lunaire, ridiculement intellectuel peut-être : une variation sur la synesthésie? Et quand on regarde l'autre côté de la pochette, on n'est pas déçu par les titres : Minerve, Morphée, les Destins, Vesta, Mnémosyne, Aurore... toute la mythologie gréco-latine s'est donnée rendez-vous là. Bref, on pourrait bien avoir affaire à un de ces groupes outrageusement prétentieux qui fleurissaient dans cette époque bénie pour les vendeurs de patchouli. Sauf qu'il ne faut pas longtemps non plus, au début du disque, quelques notes de flute tout au plus, pour se dire que, oui, cette ode à Minerve est en fait parfaitement intrigante :
Synanthesia "Minerva" (1969)

En fait, on est perché pas très loin de Donovan, Bert Jansch, Kevin Ayers ou l'Incredible String Band. Et on approuve aussi sans mal que la chanson dédiée à Mnémosyne nous rappelle immédiatement les sommets d'Afghanistan.

Synanthesia "Mnemosyne" (1969)


L'album est une perle méconnue et l'histoire de Synanthesia est bien trop courte avec ce seul disque qui fut un flop retentissant (la brève histoire du groupe est racontée ici). Un tout petit tour mais le rideau est tombé en beauté.

Synanthesia "Just As The Curtains Finally Falls" (1969)



Vitamines et onomatopées : de très britanniques Américains

Au tournant des années 80, quand tout le monde à Londres glissait irrésistiblement du punk vers le post-punk, le groupe à géométrie variable The 49 Americans y puisait sa liberté et son enthousiasme pour en nourrir sa pop foutraque et joyeuse.

D'Américain dans le groupe, il n'y en a qu'un, Andrew "Giblet" Brenner, qui rassemble autour de lui des musiciens issus du monde de l'improvisation mais également la fine fleur des super meufs post-punk du moment (Viv Albertine et Vivien Goldman, tranquillou). On est sacrément verni·es parce que leur discographie a judicieusement été rééditée en 2013 par le label Staubgold.
C'est doux et entraînant, énergique et libre. Ça donne envie de danser et faire des câlins. Et l'album dont est tiré ce « Doo-bee-doo-bee » est initialement sorti en 1982 sur Choo Choo Train records. Double combo onomatopées donc.

Posologie conseillée : quotidienne et matinale, en ouvrant grand les fenêtres du confinement.
« Doo-bee-doo-bee, we understand each other ! »
N'est-ce pas ?

The 49 Americans — « Doo-bee-doo-bee » —1982

samedi 28 mars 2020

Vitamines et onomatopées : zouk à Clermont-Ferrand

Attention panacée !

Tous les ingrédients du remède miracle sont ici rassemblés : du zouk toujours aussi indispensable à un bon métabolisme, de l'air pur auvergnat, un synthétiseur 8 bit boosté à l'acerola, d'inhabituelles onomatopées et un cocktail de vitamines locales savamment associées.

Je vous mets au défit de résister à ce traitement de choc clermontois. En ces temps confinés, ça va vibrer dans les chaumières !


Ultra Zook — « Yapati Yupata » —2013

vendredi 27 mars 2020

Vitamines et onomatopées : la biguine wabap

Y'en a qui disent "Hey!". Y'en a qui s'excalment "Oh!". On en trouve même pour pousser des "Youpi" voire des "Hip Hip Hourra". Al Livrat et son trio antilais propose de crier "Wabap!" de joie. Autant se l'avouer, ça ne vient pas spontanément. Ça tombe bien, on a du temps pour s'entrainer.



jeudi 26 mars 2020

Vitamines et onomatopées : Pafff... Bum de Lucio Dalla (1966)

En ces temps de confinement, la Cellule ne voit vraiment pas mieux à vous prescrire aujourd'hui qu'un tube italien capable de faire rebondir l'amour jusque dans vos orteils avec toute la force de ses onomatopées. A considérer disons comme une ration d'euphorie concentrée. Ne pas hésiter à utiliser plusieurs fois par jour en cas de nécessité.

Lucio Dalla - Pafff... Bum (1966)


mardi 24 mars 2020

A la tête de la Révolution musicale de Guinée Bissau : José Carlos Schwarz


Si l'on vous demandait un seul nom de la musique guino-bisséenne, je parie que vous citeriez le formidable Super Mama Djombo mais le génial orchestre ne fut pas le seul à avoir illustré avec classe la lutte anticolonialiste de ce petit pays dominé jusqu'en 1974 par le Portugal salazariste. Le poète, chanteur, guitariste José Carlos Schwarz fut une des figures saillantes de la culture dans ce pays aussi pauvre que courageux, ainsi qu'un des fers de lance du combat anti-impérialiste. C'est dans la guérilla qu'il fonda le Cobiana Jazz en 1970, et il participa activement au gouvernement au moment de l'indépendance. Son passage aux affaires fut cependant brutalement abrégé quand il mourut à vingt-sept ans dans un accident à Cuba en 1977, où il faisait office d'ambassadeur. 

Dans le monde lusophone, les chansons de mobilisation politique ont la bonne idée de se teinter de saudade. Rien de plus naturel quand il s'agit d'évoquer les massacres des forces coloniales :

José Carlos Schwarz - Ke Ki Mininu Na Tchora


C'est moins courant quand il s'agit de transmettre en créole de portugais des consignes de comportement à l'avant-garde révolutionnaire.

José Carlos Schwarz - Si Bu Sta Dianti Na Luta


PS1 : Il existe un film de 2006 sur José Carlos Schwarz. On aimerait bien le voir... 
PS2 : La photo est mauvaise mais regardez à côté de José Carlos Schwarz, c'est bien Myriam Makeba.

dimanche 15 mars 2020

Les plus chouettes légendes psyché-folk perdues et retrouvées (en Bretagne)


Tout un album de démo avait été enregistré en 1971, la pochette même était dessinée, mais aucune maison de disque n'avait souhaité le commercialiser et seuls une vingtaine de pressages test en avaient été tirés. Trente-trois ans plus tard, Dawson Pratter du label Locust Music dénicha un de ces rarissimes pressages, retrouva Stephen Titra et assura la sortie en 2009 de ce magnifique disque égaré dans les méandres de l'industrie musicale. 

L'histoire avait commencé à la fin des années 60. Après être passé dans différents groupes folk de Chicago plus ou moins sous influence du Grateful Dead, Stephen Titra eut l'idée d'un projet plus sophistiqué, plus doux aussi. Le nom choisi, Of Wondrous Legends, s'abrège en O.W.L et c'est donc une chouette habitée de merveilleuses légendes qui ouvrent ses grands yeux pour vous au sortir des placards de l'histoire du psyché-folk. L'album avait été conçu au retour d'un voyage en France. Ce qui nous vaut une évocation funambulesque de la Bretagne :

O.W.L. "Breton Landscape" (1971)


Si l'on veut chercher une référence, ce serait peut-être l'excellent Kaleidoscope anglais (à ne pas confondre avec l'américain) qui sonnerait le plus proche de O.W.L. surtout sur certains titre comme :

O.W.L "Be Alive" (1971)


L'album s'ouvre et se ferme sur deux petites merveilles que l'on ne résiste pas à vous faire écouter. 

O.W.L "Legends" (1971)



O.W.L "Sunsets Of Smiles" (1971)


Des couchers de soleil pleins de sourires, c'est bien tout ce qu'on vous souhaite. En Bretagne, si vous y êtes. Dans une Bretagne imaginaire sinon, que ce soit celle récréée par O.W.L. ou celle hantée du peintre tchèque Jan Zrzavý qui a composé en 1935 ces "bateaux endormis" que nous faisons figurer en haut de ce post et qui se trouvent amarrés à la Galerie nationale de Prague, dans la section consacrée à la Première République des collections permanentes à Holešovice, avec quantité de pièces remarquables réunies là dans un écrin scénographique d'une intelligence rare.

jeudi 12 mars 2020

Catastrophe naturelle : séga cyclone 1960


Un vent mauvais souffle au début de ce disque : c'est celui des cyclones Alix et Carol qui ravagèrent l'île Maurice en 1960. Serge Lebrasse entretient la mémoire de ce traumatisme national dans ce sega déchirant, servi par l'accompagnement impeccable de l'Orchestre Typique de la Police.

Serge Lebrasse - a cause sa cyclone la (1960)








jeudi 5 mars 2020

Les protest songs intenses de Jerry Moore (1967)

Cela se passe à Greenwich Village et ça s'entend immédiatement. Un folk habité soutient le propos d'un activiste de la cause des droits civils et le résultat est bouleversant. Comme Jerry Moore a indéniablement la peau noire, on pense à l'impeccable Terry Callier. La ressemblance est même tout à fait troublante sur l'adaptation du poème de Dudley Randall qui évoque l'attentat raciste de Birmingham (1963), en Alabama.
 
 Jerry Moore "Ballad Of Birmingham" (1967)
 
 

Plus optimiste et entrainant, "Winds Of Change" est, comme sa sœur de combat dylanienne, un chant d'encouragement extrêmement efficace.

Jerry Moore "Winds Of Change" (1967)
 
 
"Life Is A Constant Journey Home" qui donne le titre à l'album se rapproche quant à lui de très près de la veine de Fred Neil. Un monde de douceur dissonante vous déchire le cœur avec une grâce lumineuse. 

Jerry Moore "Life Is A Constant Journey Home" (1967)
 
 
C'est peut-être plutôt l'ombre de Tim Hardin qui plane derrière ce sermon anti-militariste.  

Jerry Moore "Anti Bellum Sermon" (1967)
 
 
Vous avez maintenant fait le tour de plus de la moitié de ce disque trop méconnu. Le voyage n'ira guère plus loin. Jerry Moore n'a plus rien enregistré après ce magnifique album.
 

lundi 2 mars 2020

Très bien faire avec Paulo 9 (trésors angolais des 70's)



Petit voyage en Angola aujourd'hui - ça faisait longtemps - en suivant le chanteur Paulo Manuel Pedro, plus connu sous le nom de Paulo 9 - on aimerait bien savoir pourquoi. De fait, on ne sait pas grand chose de lui, sinon ces dates : 1947-1992 et sa silhouette qui apparait avec deux guitares magnifiques sur presque toute la série de ses 45T parus sur le label Rebita dans la première moitié des 70's à Luanda (seule la couleur change). Guitare liquides et saudade profonde sont les ingrédients de ces bijoux dont nous avons trouvé le premier "Fazer Bem" sur la magnifique compilation Soul of Angola.


"Kinzadi Mulogi" apparaît par exception sur le label Musangola en 1975, et ajoute des chœurs à la recette antérieure (ce qui nous amène pas très loin du son du grand Super Mama Djombo).


Avec "Cunhada Ingrata", on aborde l'autre face plus rythmée de la musique angolaise.