dimanche 30 juin 2019

Communication interstellaire : la bourrée de Bouscatel (1906) et le moog raga des Byrds (1967)



Cela fait longtemps que je me dis qu'il faut que je lise absolument sa biographie écrite par André Ricros, qui a l'air passionnante mais j'aurais pu commencer par essayer d'écouter le génie de la cabrette cantalienne, le crack de la Bastoche, Antoine Bouscatel (1867-1945). Et révélation aujourd'hui, je tombe sur cet OVNI de 1906! Le son est absolument fascinant, incroyable. Il y a surtout ce quelque chose de complètement étrange qui donne l'impression d'entendre quelqu'un essayer de communiquer avec l'autre côté de la galaxie en utilisant un invraisemblable télégraphe en peau de chèvre. Si vous ne me croyez pas, écoutez donc ça :


La seule chose que je trouve comparable, ce sont les expérimentations cintrées de Roger McGuinn avec les Byrds (puis en solo) à l'époque où il imaginait une sorte de country-space rock, plus ou moins sous influence indienne. Pour l'occasion, la bourrée de Bouscatel pourrait donc fournir à notre collection le plus improbable des plagiats par anticipation. Mais voyez donc ce que donne "Moog Raga"  enregistré en 1967 :


Ou un peu plus tard, en 1973, "Time Cube" sur un de ses albums solo :




vendredi 28 juin 2019

Cure de hillbilly boogie intensive

Quelque chose me dit que vous n'écoutez pas assez de boogie. Pour ma part, je suis en pleine cure et je me porte comme un charme. En ces temps de moiteur extrême, de chaleur dingo, la langueur vous guette et si vous n'y prenez garde l'immobilité, puis la paralysie risquent de vous attraper par le petit orteil et vous laisser raide comme un piquet piqué au formol. Pour maintenir vos articulations dans un état de souplesse minimale, je vous conseille donc tout spécialement le hillbilly boogie qui a électrisé avant vous les rednecks dans l'immédiat après-guerre. Le rockabilly pointe ici le bout de son nez mais avec une certaine nonchalance adaptée à la situation. Initiez-vous donc au boogie de la danse du serpent tout en souplesse au niveau du bassin avec Roy Hogsed, un petit gars de l'Arkansas qui est allé tenté sa chance à San Diego, avec son accordéon parfois pris de vertiges orientaux.

Snake Dance Boogie (1951)


Vous pouvez maintenant remettre votre stetson en place avant de vous délecter de ce "Crazy Boogie" de Merle Travis. Tout l'orchestre se surpasse devant vous, rien que pour vous et en cas grippe du genoux ou des épaules, je vous conseille de remettre sur la platine ce boogie siphonné et jubilatoire plusieurs par jour si nécessaire :

Crazy Boogie (1947)
 
 






jeudi 27 juin 2019

Psychédélisme dépouillé et bouleversant en Uruguay : Eduardo Mateo (1972)

Après la séparation de son précédent groupe, les El Kinto si pleins de délicatesse [voir ici], Eduardo Mateo se lance une carrière solo au tout début des années 1970. Sa consommation de drogues en tout genre atteint alors des sommets, qui fragilisent régulièrement sa cohérence psychique. On a pu le comparer à ce titre à Syd Barrett, mais s'il y a un lien profond avec la production du flamand rose cramé de Cambridge c'est surtout par le dépouillement de ses enregistrements et l'émotion qui s'en dégage. Appréciez donc pour commencer la beauté sans filtre de ce morceau :


Cependant, le psychédélisme minimal d'Eduardo Mateo est infusé d'influences sud-américaines,  surtout la bossa-nova brésilienne qu'il dote d'une fragilité sans précédent. 

"Quien te vierra"


Eduardo Mateo est un équilibriste des sensations, un musicien lunaire. Sa poésie marche sur un fil à une hauteur vertigineuse. Écrit-il une comptine pour consoler une petite fille retenue à l'hôpital, il est  capable de vous bouleverser comme personne :

"Lala"






mercredi 26 juin 2019

L'apesanteur à Honolulu : These Trails (1973)


C'est un fait : la colonne d'air au-dessus de nos têtes est sans doute plus légère à Hawaï que partout ailleurs. Ici hippies et autres freaks plus ou moins perchés gagnent des altitudes inconnues, comme échappés de dernières contraintes de formatage. L'extraordinaire Bobby Brown en est une preuve (voir ici), These Trails en est une autre. Ce groupe a enregistré un album confidentiel en 1973, réédité quelques fois depuis 1999. Le point de départ se situe cette fois du côté de Joni Mitchell, pas très loin de la magnifique Linda Perhacs. Les arrangements sont à la fois lumineux et parfois inquiétants. Une flute vous accueille. Un synthétiseur vous attend là où vous ne l'attendiez pas. Les vagues du Pacifique vous emportent encore plus loin que vous ne le croyiez!


vendredi 21 juin 2019

Le hip-hop en 1937 : plagiat par anticipation?




Le fait est bien connu : les racines du hip-hop peuvent être dénichées dans plusieurs genres de la musique afro-américaine relativement anciens comme le jazz (en particulier le scat) ou le gospel (avec notamment la pratique du preaching). Un des exemples le plus célèbre (peut-être le plus ancien) est  ce formidable "Preacher and the Bear" du non moins célèbre Golden Gate Quartet qui nous ramène en 1937.


 Voilà pour l'histoire envisagée de manière linéaire...

Mais la Cellule est tordue et ce qu'elle aimerait bien savoir c'est qui se trouve plagié (avec une si grande anticipation) par le fameux quartet de Géorgie. Bon, mais la Cellule n'est pas très calée question hip-hop, alors elle demanderait volontiers à ses lecteurs de l'aider dans cette petite enquête...

A votre bon cœur!

jeudi 20 juin 2019

Comme un chien fou : Rocky Volcano (1961)


La Cellule vous présente aujourd'hui le plus éruptif des rockers français, le Fuji Yama Papa de la Canebière : Jean Jospeh Nicolas, alias Jean Nicaud son premier nom de scène quand il était accompagné par les Rock’s Boys, alias Rocky Volcano! La carrière française de ce morceau de dynamite marseillais est météorique. Ses quatre EP sont tous sortis chez Phillips en une seule année, en 1961. En tout, une série de seize morceaux explosifs inaugurée par une reprise aux petits oignons d'Adriano Celentano :

"24 mille baisers"


Pas de doute, le thème de prédilection de Rocky Volcano, c'est l'amour dans une version légèrement survoltée.

"J'irais n'importe où"


Rocky Volcano, c'est aussi le fantasme réalisé des glottophiles les plus acharnés. Ouvrez-bien les oreilles.

"Pourquoi pas moi..."


C'est encore un as dans le choix des reprises : Sam Cooke, Johnny Preston, Ernie K. Doe ou Charlie Rich, avec ma préférée, cette version de "Everything I do is wrong" :

"Tout ce que je fais"


Et voici l'homme en action :

"Comme un volcan"


Reste à explorer la carrière espagnole de Rocky Volcano et pour les aficionados hardcore celle de producteur porno mais c'est une autre histoire (notice bio détaillée ici). 

lundi 17 juin 2019

Collision : Rhumba Boogie par Hank Snow

1951, la superstar de la country canadienne vient de s'installer à Nashville et décide de faire se télescoper le hillbilly boogie et la musique cubaine au sommet de son attraction. Du choc nait un tube country imparable, "Rhumba Boogie" : 


Et en live :




vendredi 7 juin 2019

Professor Longhair, Dr John, les Meters, Earl King : tout le monde est là!


C'était le 30 octobre 1974, à Chicago et ce soir se trouvaient sur scène la plus grande affiche jamais réunie! Il y avait Professor Longhair, que Dr John présentait avec de bonnes raisons comme l'homme qui a inventé le rock'n'roll, le regretté Malcolm John McRebennack lui-même, les Meters et Earl King. Le Piano est le roi : ne loupez pas sous aucun prétexte la version de Big Chief à trois pianos qui clôt le concert! Longtemps seuls des extraits de cette soirée dantesque étaient disponibles sur la toile, mais désormais c'est l'intégralité du concert que l'on peut voir.

Voici le programme :
 DR.JOHN & The Night Trippers: 1.Walk Right In. PROFESSOR LONGHAIR: 2.Shake Rattle & Roll 3.Tripatina 4.Whole Lotta Lovin' 5. Everyday I Have The Blues EARL KING: 6.Mama & Papa 7.Those Lonely, Lonely Nights The METERS: 8.Looka Py Py 9.Jungle Man DR.JOHN & The Night Trippers: 10.Call A Doctor 11.Qualified 12.Quitters Never Win 13.Such A Nite 14.Right Place [Finale] EARL KING-END JAM: 15.Big Chief.



samedi 1 juin 2019

Frissons : une démo hantée de Tia Blake (1976)

A 19 ans, Christiana Wallman, alias Tia Blake, avait quitté sa Géorgie natale pour faire un séjour à Paris. En cette belle année 1971, elle enregistra  un disque pour la Société Française de Production  Phonographiques qui est un sommet de dépouillement lumineux, à l'instar des disques de Sybille Baïer, et une rareté chérie des amateurs. Sa carrière discographique s'arrêta là mais en 1976, elle enregistra trois démos à Montréal restées longtemps dans des placards. Et sur ces démos, il y a cette chanson qui me bouleverse.

"My Father is a Lonely Man"


Sur Tia Blake, un bel article ici.

Soudan hypnothique : Abu Obaida Hassan


On se laisse dériver au son de la musique Shaigiya d'Abu Obaida Hassan. Énergie, hypnose, transe au nord du Soudan par la grâce des recherches obstinées du label Ostinato. Ma préférée nous invite à danser toute la nuit sous la lune.

"Qamar Al Massa"