Si on avait fumé le tabac sous forme de cigarettes dès le début du XVIIe siècle, ç'eût été un emblème évident de la fugacité du temps. Ce n'est donc pas dans l'anthologie de Jean Rousset, que vous trouverez le poème baroque qui suit. Malcolm Lowry l'a écrit (la traduction est celle de J.-M. Lucchioni) :
DES HOMMES DONT LE VENT FAIT CLAQUER LE PARDESSUS
Nos vies - mais n'en pleurons pas -
Sont comme ces cigarettes au hasard
Que, par les journées de tempête,
Les hommes allument en les protégeant du vent
D'un geste adroit de la main qui fait écran ;
Puis elles brûlent toutes seules aussi vite
Que s'aggravent les dettes qu'on ne peut pas payer,
Elles se fument si vite toutes seules
Qu'on a à peine le temps d'allumer
La vie suivante, qu'on espère mieux roulée
Que la première, et sans arrière-goût
Au fond, elles n'ont pas de goût -
Et, la plupart, on les jette au rebut.
*
Me vient une chanson qui sonne spontanément avec ce texte. Nous sommes en 1969 en Guinée, et c'est Keletigui et ses Tambourinis qui jouent "Cigarettes et allumettes". Voyez donc :
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