mercredi 11 avril 2018

"Endeuillés mais avides du souffle d'autrui" : Malcolm Lowry et le Bembeya Jazz

C'est le thème de la journée (il est parfaitement arbitraire) : associer un morceau guinéen et un poème de Malcolm Lowry. Cette fois-ci, je commence par les musiciens avec l'idée, tant qu'à faire, de réparer une injustice invraisemblable : la Cellule n'avait jamais encore parlé du Bembeya Jazz. Il faut au moins un chef d’œuvre comme "Sou" pour rétablir l'équilibre.

Les 5 minutes de cette morna déchirante seront sans doute assez longue pour que vous lisiez aussi ce nouveau texte de Malcolm Lowry.

AU BAR

Ivrognes d'eau salée, assoiffées de désastre,
Les épaves ne rêvent pas qu'elles sont des navires :
Jamais, jamais le malheur ne les abandonne
Pour le silence des grands voiliers, le "tout va bien" de la vigie :
Névrosés dérivant dans la mort atlantique,
Endeuillés mais avides du souffle d'autrui,
Ils nagent, ces génies noirs, entre deux eaux noires,
Ensevelis debout comme le poète Ben Jonson
Quoiqu'ici dix-huit sous ne servent plus à rien
Et que Tarquin soit sûr de trouver qui violer;
Pendant ce temps, d'autres, penchés sur la rembarde,
Le regard et le corps figés, fixent l'abîme.

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