samedi 15 mai 2021

François Bayrou Highlife : divagations glottophobophilosophiques...

 

    Parmi les milles et unes polémiques dérisoires qui innervent désormais à flux tendu le débat public de notre beau pays, il y eut il y a quelques mois - vous en souvenez-vous encore? - l'épisode de la glottophobie. Les cibles de cette nouvelle phobie passée quasi inaperçue jusque-là auraient été essentiellement les personnages publics originaires du sud-ouest (et du néo-centrisme à tendances autoritaires, mais y a-t-il un lien?), que ce soit Jean-Michel Apathie ou Jean Castex, voire François Bayrou. Cela satisfaisait deux des penchants les plus affirmés de l'époque : la mise en avant de la phobie (de tous les phobiques et de toutes les phobies, soyons inclusifs) comme moteur principal de l'histoire et la revendication universelle de la condition de victime. Si Jean-Michel Apathie peut être considéré comme victime de discrimination, alors oui, c'est un grand pas en avant pour l'humanité car vraiment tout le monde peut revendiquer la chose. D'où libération de la parole maximale, cela va de soi, et ce d'autant plus que la glottophobie, venons-en à la définition, est cette forme de discrimination perverse et systémique visant les accents régionaux. Enfin régionaux cela paraissait aller de soi dans le contexte français, mais depuis l'émergence toute récente d'une parisianophobie repérée par les spécialistes les plus pointus de la phobie - appelons-les phobophilosophes - ne jurons plus de rien, cela peut toucher potentiellement tout le monde du moment où il ouvre la bouche, dernière condition requise. Universalisme maximal, là aussi donc. Voire même œcuménisme.

     Mais, à la Cellule, comme vous savez, on ne surfe pas vraiment sur l'actualité... Alors où voulez-vous en venir ? nous demanderez-vous. Et bien voici : v'la-t-y pas que l'accent de François Bayrou mais non pas en français, non - nous portons la chose au carré - celui qu'il utilise quand il parle anglais à sa sauce ; l'accent de François Bayrou, disions-nous, nous venons de le repérer dans quelques productions nigérianes particulièrement goûtues, ce qui nous a immanquablement amené à des considérations sur les relations entretenues (ou pas) par la cuisine linguistique des pidgins anglo-yorouba ou anglo-igbo et la sauce béarnaise, mais soyons sobre et ne remontons pas aux recettes du temps des Plantagenêts et contentons-nous d'ajouter que la trouvaille touchait aussi de près à notre grande marotte du plagiat par anticipation (car c'est indéniable ces Nigérians anticipaient sur les intonations qu'on aurait pu croire si spécifiques de François B.) si bien que nous n'avons pu nous empêcher de vous en toucher deux mots, et ce même si le sujet paraissait franchement glissant en ces temps de poly-susceptibilité exacerbée et conquérante. Dans ces conditions, il nous a aussi paru justifié de prendre quelques précautions oratoires pour bien rappeler le contexte (toujours rappeler le contexte!) et aussi affirmer haut et fort la pureté de nos intentions.

    Bref, les morceaux se trouvent sur une mirifique compilation intitulée Money No Be Sand (1960s Afro-lypso, Pidgin Highlife, Afro-Soul and Afro-Rock) avec pour commencer ce fort euphorisant :

Godwin Omobuwa & His Sound Makers - Look Look Look (1962)


On continue avec cette déclaration d'amour hétéroclite que des considérations chronologiques élémentaires interdisent malheureusement d'attribuer à notre cher haut-commissaire au Plan (mais vous aviez peut-être déjà oublié qu'il occupe cette éminente fonction. Et si pourtant!) :

Pepsi-Orlando & His Young Star Band - I Love You So (c. 1972)


Et terminons pas ce twist des bords du Golfe de Guinée qui ne pâlira certes pas de son lointain cousinage avec l'accent angliche de l'édile palois :

Clint Eph. Sebastian & The Junkers - Jane (c.1965)


 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire