mercredi 27 février 2019

Peplum pharaonique avec Salah Ragab et le Cairo Jazz

L'histoire méconnue du jazz égyptien est étroitement liée à celle du batteur Salah Ragab. Elle commence en fanfare, avec des moyens à sa disposition hors du commun. Intégré d'abord en 1963 au quartet formé par Osman Kareem, un américain attiré au Caire par les sirènes de l'anti-impérialisme nassérien, Salah Ragab décide en effet de passer à la vitesse supérieur à la fin des années 60. Avec l'aide d'Hartmut Geerken, jazzman allemand alors en poste à l'institut Goethe du Caire et d'Eduard “Edu” Vizvari, autre expatrié, tchécoslovaque et bassiste pour sa part, il envisage alors de créer le premier big band d’Égypte et il dispose pour cela d'avantages logistiques exceptionnels. Salah Ragab est en effet à la tête du département musical de l'armée du Raïs. Il convoque alors 200 musiciens parmi lesquels il sélectionne 25 privilégiés qui vont former de gré ou de force le Cairo Jazz Band. Les musiciens n'ont guère le choix : s'initier au jazz sous la houlette de Salah Ragab et de ses amis ou aller faire un petit séjour en prison. Le Cairo Jazz va s'épanouir de 1968 à 1973 (jusqu'à la catastrophique Guerre du Kippour). Le résultat est immédiatement époustouflant : le jazz est ici sous forte influence moyen-orientale et latino et l'expérimentation aiguisée au plus haut point. Le jazz excentrique de Salah Ragab attire alors l'attention des musiciens les moins conformistes comme Sun Ra avec qui plusieurs collaborations se noueront. Parmi les multiples facettes de sa production, la Cellule se concentre aujourd'hui sur le côté peplumesque de la discographie du Cairo Jazz avec pour commencer en douceur ce titre dédié à Cléopatre :
Plus explosif, le suivant nous emmène dans la vallée des Rois : jazz en technicolor!
Enfin, le morceau le plus tonitruant du jour (après une longue introduction mystique) évoque la célébration des ramadans du futur, à l'époque de la conquête extra-terrestre. Peplum spatial et mambo ultra-puissant pour finir :
Sur l'histoire de Salah Ragab, vous pouvez voir ici, par exemple ; et pour vous procurer ses enregistrements, le blog Arab Tunes leur consacre deux posts très généreux : et .


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