dimanche 27 décembre 2020

Décollage imminent : un tour dans les airs avec les Brown's Ferry Four

 

 Nous sommes en 1947 et les Delmore Brothers ont l'excellente idée de s'associer avec Merle Travis et Grandpa Jones pour enregistrer quelques morceaux de gospel. Super-groupe de circonstance armé mieux que personne pour vous faire quitter l'attraction terrestre. Vérification immédiate :

Brown's Ferry Four "I'll Fly Away" (1947)

 





samedi 19 décembre 2020

Pur classique, pur plaisir (un 45 T parfait de 1958) : Little Walter "Key To The Highway/Rock Bottom"

 

Aucune rareté sous le sapin aujourd'hui, seulement un pur classique hérité de Big Bill Broonzy, que Little Walter reprend en guise d'hommage peu après la mort de ce dernier au mois d'août 1958. Nous sommes à Chicago dans les studios Chess et c'est peu de dire qu'il y a du beau monde derrière Little Walter : Muddy Waters, Luther Tucker, Otis Spann, Willie Dixon et George Hunter (ou Francis Clay).

Little Walter - Key To the Highway (1958)

Et sur l'autre face, c'est peut-être encore mieux. Un instru complètement distordu où l'harmonica de Little Walter rivalise avec la guitare de Muddy Waters pour la plus grande jubilation de vos oreilles. Car, oui, l'autre "Rock Bottom" est aussi grand que celui du sieur Wyatt.

Little Walter "Rock Bottom" (1958)





mercredi 16 décembre 2020

Une étrange merveille : le guitariste Harry Taussig (1965)

 

Voici un trésor tout ce qu'il y a de mieux caché. Le guitariste Harry Taussig ne fit qu'un album extrêmement rare dans les sixties (en 1965), puis participa à une compilation tout aussi peu répandue (en 1967) qui réunissait la fine fleur des défenseurs de l'American Primitive guitar : John Fahey, Robbie Basho, Max Ochs ainsi que le bluesman Bukka White. Il ne laissa ensuite plus aucune traces enregistrées avant 2012, date à laquelle il sortit discrètement d'un si long silence. Or "Fate is Only Once" est un album magnifique et sur ce disque la chanson qui porte le même nom et clôt le disque est une merveille en équilibre perpétuellement instable que la Cellule se fait un devoir de mettre au plus vite entre vos oreilles.

Harry Taussig "Fate Is Only Once" (1965)




mercredi 9 décembre 2020

Calendrier de l'Avent 9 : Les chorales de Sacred Harps

 

Aujourd'hui, c'est Alan Lomax qui nous emmène au fond de l'Alabama à l'occasion d'une étape saisissante de son grand voyage dans le sud des Etats-Unis de 1959-1960. L'ensemble des chanteurs amateurs qu'il a enregistré formaient une chorale spontanée qui n'a pas pris de nom particulier mais leur réunion eut lieu lors de la 56e Convention Annuelle de l’Association Musicale de "Sacred Harp" à Fyffe dans le comté de Dekalb, le 9 décembre 1959. La première convention remontait, si je ne m'abuse, à il y a pile 117 ans, ce qui ne nous rajeunit pas. Et ce qui nous rajeunit encore moins, c'est que le morceau, lui, date de 1783. Je vous laisse faire le calcul mais l'arrière-grand-mère de votre arrière-grand-mère n'était peut-être pas encore née. Foin des nombres, laissez-vous entraîner par ce chant hors d'âge célébrant les bergers de Bethléem, qui a emmagasiné de l'énergie pour plusieurs générations. On pourrait se croire dans les Balkans ou dans les Alpes. On ne sait pas à quelle époque. Tout s'embrouille! Exaltation!

Sherburne (1959)

 


samedi 21 novembre 2020

Apesanteur : Ulla Katajavuori et le kantele carélien

 

La Cellule vous propose, aujourd'hui, un petit voyage en apesanteur. C'est la grande dame du kantele carélien, Ulla Katajavuori (1909-2001), immense virtuose de l'instrument national finlandais, qui nous fait décoller. Il y aurait infiniment à dire sur la pureté cristalline du son du karele, sur son importance dans la culture finnoise depuis le Kalevala et sur Ulla Katajavuori elle-même, son interprète emblématique. Soit, mais pour une découverte, il suffit peut-être de se laisser emporter par "Karelske Vagguisa", un de ses tout premiers morceaux à avoir été enregistré, en 1949 précisément :

Ulla Katajuovari "Karelske Vagguisa" (1949)

 



samedi 14 novembre 2020

Direction l'Amazonie : l'orchestre d'Orlando Pereira et les as du Carimbó (1975)

 


L'année dernière, le label Analog Africa a sorti une des toutes meilleures compilations de son riche catalogue tropical : Jambú e Os Míticos Sons Da Amazônia. Direction l'Amazonie donc où il s'agissait cette fois de découvrir le genre plein d'énergie du Carimbó : musique de fête, pleine de rythme, de cuivre, de flute. La potion vraiment la plus efficace contre la mélancolie!

Parmi les nombreuses pépites effervescentes du disque, on trouvait ce morceau de l'Orchestre d'Orlando Pereira : 

Orchestre d'Orlando Pereira - Carimbo Para Yemanja (1975)


En farfouillant sur la toile, on pouvait dénicher pas mal de disques de ce combo actif durant les 60's et les 70's et notamment une excellente compilation toute de rose vêtue, exploitée par les fins connaisseurs d'Analog Africa : "As 14 mais do Carimbó", d'où nous tirons à notre tour spécialement pour vous deux morceaux pleins de saveur.

 Orchestre d'Orlando Pereira - Matinta Pereira (1975)


Orchestre d'Orlando Pereira - Resposta da Tucandeira (1975)


*


 

 

 

 


 

vendredi 30 octobre 2020

Le flûtiau ultime, celui du bluesman primitif Henry Thomas

 

Henry Thomas (1874-1930), alias Ragtime Texas, les spécialistes du blues le connaissent bien. On est là aux plus près des sources du genre, quand celui-ci se dégage progressivement des genres adjacents. Mais traduisons pour vous un peu de Greil Marcus pour les présentations : "Thomas était né à l'est du Texas en 1874, et se lança pour chercher fortune - le mot de fortune renvoie ici étymologiquement à la chance, au hasard, certainement pas à la possibilité d'amonceler des quantités d'argent - à peine une dizaine d'années plus tard, comme un vagabond suivant les voies ferrées, vivant de sa musique et de la générosité des femmes, prenant le surnom de "Ragtime Texas". C'était déjà un musicien professionnel quand il joua à l'exposition universelle de Saint-Louis en 1904. Fils d'anciens esclaves ayant grandi avant que la culture noire de l'époque post-esclavagiste ait adopté ses nouvelles formes, Thomas plus qu'aucun autre musicien noir ayant été enregistré était à l'aise pour jouer les plus anciens genres de musique noire qui s'étaient développées avant la Guerre Civile. C'était une part naturelle de son répertoire. Ce qui incluait les chansons racontant des histoires, des fables, des chansons de travail (work calls), des histoires où prudemment les personnages étaient remplacés par des animaux, soit toute une tradition didactique et de divertissement ou le "je" comme manifestation tangible de l'artiste s'affirmant lui-même était absent ; une tradition qui ne correspondait déjà plus à la vraie position de Thomas, un noir indépendant lancé dans le vaste monde. Au même moment, dans les années 80 du XIXe siècle et les premières du XXe, de nouvelles tradition émergeaient en effet - jazz, blues, ragtime - plus en accord avec la situation de musiciens tels que lui, avec leur nouvelle mobilité hors des communautés géographiquement fixées et, bien sûr, Thomas était aussi partie prenante de ce mouvement. Il ne chantait pas vraiment des chansons racontant la vie des anciennes communautés déjà à moitié oubliées mais des chansons reliées aux traditions de ces anciennes communautés et, en outre, c'était aussi un homme moderne, un bluesman, un chanteur qui n'exprimait alors pas tant un esprit communautaire qu'une individualité s'adressant à cette communauté." Mais pour en savoir plus, allez donc voir ce texte qui date déjà de 1976 ici.

Loin du versant le plus tragique du blues, Henry Thomas nous parle donc d'une époque plus ancienne en train de se dissoudre dans la modernité trépidante du XXe siècle. De cette époque primitive est issue l'espèce de flûte de pan qui rythme les morceaux d'Henry Thomas. Elle est même censée venir d'Afrique. Sur "Railroadin' Some", elle imite la vapeur du train et vous embarque pour trois minutes de bourlingue, d'une gare à l'autre, avec les tramps des années 20.

Henry Thomas "Railrodin' Some" (1929)

 



Avec "The Fox and Hounds", c'est la frénésie de la perpétuelle course poursuite des vagabonds que souligne le flûtiau céleste de Henry Thomas, aussi appelé quills.

Henry Thomas "The Fox and Hounds" (1927)


Le sujet de "Bull Doze Blues" n'est pas très différent, mais vous reconnaissez là sans peine la source d'un des morceaux les plus célèbres de 1968, n'est-ce pas?

Henry Thomas "Bull Doze Blues" (1928)
 







mercredi 21 octobre 2020

Exhumons Exuma (4) : II (1970)

 

Le deuxième disque d'Exuma, sobrement intitulé Exuma II, est paru en 1970, année prolifique avec pas moins de trois albums. La pochette peinte par Macfarlane Gregory Anthony Mackey (1942- 1997), alias Exuma himself, est très réussie à mon goût mais pas forcément engageante. De fait, le disque n'est pas le plus facile d'accès, on peut même dire que l'écoute intégrale du disque est un peu éprouvante, la magnifique foire vaudou ayant une certaine tendance à virer au grand-guignol. Il y a cependant plusieurs pépites comme le morceau endiablé qui ouvre le carnaval :

Exuma - "Damn Fool" (1970)

 

Vous avez aussi le blues hanté de "We Got to Go"

Exuma - "We Got to Go" (1970)

Dans le genre cinglé, "African Rhythm" vous emmène dans une jungle hallucinée où chercher je ne sais quel lion peut-être bien aussi cintré que vous. Petit chef d’œuvre de dingotterie comme en apesanteur.

Exuma "African Rhythm" (1970)




 

dimanche 18 octobre 2020

Exhumons Exuma (3) : Exuma (1970)

 

La Cellule revient aujourd'hui sur le cas Exuma (voir ici et pour les épisodes précédents). Bon, on aurait quand même pu commencer par le commencement (comme on le recommande depuis que le conte d'Hamilton a écrit ses fameux contes facétieux) et par le premier disque (le premier des trois sortis en 1970!), où d'ailleurs il se présente lui-même :

Exuma "Exuma, The Obeah Man" (1970)

C'est tout l'héritage occulte afro-antillais que revendique ici avec fracas le bahaméen Tony Mc Kay au moment de faire son apparition dans le monde de la musique enregistrée.

Exuma, c'était mon nom quand je vivais dans les étoiles

Exuma, une planète qui a embrasé Mars,

Beaucoup de voix sortent à travers ma gorge

La dent d'une grenouille, la queue d'un bouc!


Je suis Exuma, l'homme Obeah!

Outre ce lyrisme échevelé et incantatoire, il y a aussi de merveilleux moments de décontraction passablement zarbis sur ce disque-manifeste dans la lignée ouverte par le Dr John, comme "Jukanoo" où rappliquent quelques-uns parmi instruments antillais les plus curieux et sans grand souci de mise en ordre. Écoutez donc ça :

Exuma "Junkanoo" (1970)









mardi 6 octobre 2020

La splendeur des guitares luso-africaines au temps du synthétiseur : Elisio Gomes et Joachim Varela (Cap-Vert, 1993)

 

Parmi les vagues de rééditions qui réjouissent le cœur et les oreilles des explorateurs des musiques populaires de la planète, il y a des modes. Une des modes les plus euphorisantes des toutes dernières années a concerné la seconde génération des musiciens Cap-Verdiens après celles des grands classiques que sont Cesaria Evora, Bana ou le lumineux guitariste Humbertona. Les labels Analog Africa, Sofrito ou Ostinato Records ont tous récemment fait leur miel (et le nôtre) de cette phase où toute la richesse de la musique insulaire s'exprime en intégrant de nouveaux moyens comme le synthétiseur. Trouvé sur l'excellentissime compilation d'Ostinato Records, Synthetize the Soul, c'est un duo formé par Elisio Gomes et Joachim Varela qui excite notre curiosité aujourd'hui. L'anthologie susdite n'offre qu'un seul morceau du groupe, mais un morceau génial où la splendeur des guitares luso-africaines (celle du Super Mama Djombo, par exemple) brille sur un rythme synthétique pris de frénésie.

Elisio Gomes et Joachim Varela "Chuma Lopes" (1993)

 

Discogs nous apprend que le titre se trouve sur un album dont la moitié des titres sont en français ("Tout le Monde", "Attention Marie" et "Je-Ne-Puis-Pas") mais le seul autre morceau que nous avons trouvé sur la toile est "Angelina", très bon lui aussi (mais sans guitares malheureusement). Autant dire que l'on serait friand de toute autre information sur le disque (avis à la population!).

Elisio Gomes et Joachim Varela "Angilina" (1993)


 


dimanche 27 septembre 2020

Limite, limite : mais que devient Václav Neckář en 1985?

 


Aujourd'hui, on continue l'exploration de la discographie profonde du chanteur de charme tchécoslovaque Václav Neckář. Neckář [prononcez Netskarj, s'il vous plait], c'est l'introducteur à Prague, l'introducteur élégant du meilleur des modes musicales extérieures. Il y a un petit truc qui le rapproche de Claude François dans la voix (et la coupe de cheveux), mais pour la curiosité musicale et la sûreté du goût, ce serait plutôt l'équivalent de Polnareff ou d'Eddie Mitchell. Oui, mais voilà, cette fois-ci, nous sommes en 1985 et là franchement ça se gâte un peu du côté de la sono mondiale mainstream et donc de la source d'inspiration principale. Le disque s'appelle "Nous irons loin tous ensemble", Neckář et ses musiciens posent sur la pochette en tenue de bal costumé et, il faut bien l'admettre, on plonge dans une soupe pop modérément digeste. Neckář n'en est reste pas moins un aventurier et c'est sans doute sur cette galette des studios d’État Supraphon qu'on trouve la première expérimentation kraftwerkienne ("Jsem Jen Nemy Stroj") réalisée sur les bords de la Vltava, ainsi que le premier morceau hip hop en tchèque ("Okresni Vitez"). Que les spécialistes n'hésitent pas à nous indiquer s'ils connaissent des précédents. Mais bon, en fait, on vous en dispense pour nous concentrer sur la petite perle minimaliste pleine de tonus du disque avec ses paroles douces amères parce qu'il est temps de se trouver un mec et que, tic tac, l'heure tourne, et que c'est plus drôle du tout maintenant : 

Václav Neckář "Výhodná partie" (1985)



samedi 19 septembre 2020

8 heures du matin à 8 heures du soir

Deux filles.
Deux garçons.

Deux frères, deux amoureuses.
Ils sont jeunes, ils s'aiment, dans la banlieue coquette de Hertford au nord de Londres, au tout début des années 80. Quoi de plus naturel que de monter un groupe de musique quand on traîne ensemble du matin au soir dans l'Angleterre de cette époque-là ? Un vent de liberté souffle pour les femmes, elles sont dans tous les groupes sans jouer les potiches, elles sont de toutes les soirées. Elles prennent le micro, elles prennent la scène.

Le fait qu'il ait fallu attendre la réédition en 2013 par Captured Tracks des deux cassettes de Bona Dish (initialement sorties en 1981 et 1982 chez In-Phase) pour retomber sur ces merveilles me laisse pantoise.

C'est parfois frais et léger, c'est parfois noir et lourd, c'est vivant. Il y a du Marine Girls là-dedans (dont les chansons germent d'ailleurs à la même période et dans la même banlieue). La plupart des paroles évoquent les rebondissements romantiques internes au groupe mais ça n'est pas le cas de ce formidable "8am", tube absolu et immédiat.

Bona Dish — « 8am » —1982

 
Le dub n'est jamais très loin non plus. Il y a du Slits là-dedans.  

Bona Dish — « Challenge » —1981

 
Une chose est sûre, il y a de la joie là-dedans

Bona Dish — « Tactile sob » —1982



On peut entendre Bona Dish et une floppée d'autres groupes où les femmes occupent une place de choix dans les formidables compilations Gunilla mixtapes (il y en a 28 en tout !) du super collectif Rosa Vertov basé à Rennes. Tout est téléchargeable sur leur site et c'est un monde merveilleux à explorer : plongez-y avec délice.

Petit bonus : une interview de trois des membres du groupe où est évoqué un album mystérieux encore jamais sorti. Je donnerais cher pour écouter ces bandes...

Dans la famille Rodriguez, demandez la sœur : Estela Rodriguez Scull


Outre Arsenio, "l'aveugle miraculeux" de la musique cubaine, génie de la tres, la vaste famille Rodriguez, originaire de la province de Matanzas, a fourni plusieurs musiciens renommés mais elle ne comptait qu'une seule et unique fille (entourée de quatorze frères!) : Estela Rodriguez Scull. Chanteuse particulièrement versatile, elle participe activement au succès des orchestres menés par son frère, de La Havane à New-York. Certains des morceaux où on peut l'entendre ont cette particularité vraiment extraordinaire de la musique cubaine de parvenir à mêler en un tout unique les extrêmes opposées : emphase et prosaïsme, exaltation et comique, chant lyrique et partie parlée qui annonce le rap, majesté aérienne et rythme viscéral. L'eau et le feu! Comme si la polyrythmie devait aussi vous embarquer dans la plus grande profusion d'émotions simultanées.

Arsenio Rodriguez et Estela Rodriguez Scull - "Ta Benito Eh" (1950)


PS : On trouve très peu de photos d'Estela Rodriguez sur la toile. Sur celle-ci, elle porte des lunettes de soleil. Elle provient du blog ¡Vamos à Guarachar! qui a l'air tout à fait recommandable mais plus guère actif...

vendredi 18 septembre 2020

Surfin' Lamotte-Beuvron

 


Et si Elvis était né à Limoges ? Et si le delta du Mississippi débouchait en baie de Somme ? Et si Woodstock avait eu lieu dans la banlieue de Beauvais ? Et si Lennon et Mc Cartney s'étaient rencontrés au Lycée à Saint-Flour ? Qu'en serait-il de leur musique ? Pour les amateurs d'uchronie musicale André Popp nous offre une pièce de choix : Et si les Beach Boys étaient de Lamotte-Beuvron et s'étaient épris de chasse plutôt que de surf ? Voici la réponse en trois minutes :



mercredi 16 septembre 2020

Guitare hawaïenne jusqu'aux cataractes du Nil : Sol Hoopi (1925)

 

Aujourd'hui orientalisme et extrême-occidentalisme se rejoignent sur la Cellule avec cette interprétation magique  de "Lady Of The Nile", tube jazz de 1925, par Sol Hoopi, le plus génial des géniaux guitaristes hawaïens des twenties, tout frais débarqué de son île et installé pour un temps à Hollywood.

Sol Hoopi "Lady Of The Nile" (1925)


dimanche 13 septembre 2020

Reveil Calypso : une panthère pour ouvrir le carnaval de la Barbade

 

La Cellule vous propose aujourd'hui un petit tour euphorique dans les Antilles pour réveiller votre rentrée. C'est en effet un Trinidéen pur sucre, Vernon Joseph Roberts (1921-2002), alias la Panthère (la Panthère puissante même), qui vous sert de guide pour découvrir le carnaval de la Barbade. Impossible de rester de marbre, les festivités battent déjà le plein et envahissent votre salon.

The Mighty Panther "Barbados Carnival" (1957)

On trouve l'album ici, sur le blog aural joy qu'on ne se lasse pas de recommander.



 

 

jeudi 3 septembre 2020

Chélonéphilie résolue : "Me About You" (1967), un sommet de la pop baroque



Un peu dans l'ombre de l'ultra-tubesque "Happy Together" sur l'album éponyme des Tortues californiennes, "Me About You" n'en est pas moins un des 8000 de la pop baroque à son apogée, pour parler comme un alpiniste drogué aux arrangements musicaux himalayesques. La Cellule vous propose aujourd'hui un pur classique de 1967 :

The Turtles "Me About You" (1967)


lundi 31 août 2020

Toujours pas de miracle en vue : les Great Scots / Václav Neckář



"I Ain't No Miracle Worker" des Brogues, est un classique garage entre tous. La Cellule vous en avez déjà entretenu là (ainsi que de la formidable reprise en italien par les Corvi). Aujourd'hui, c'est d'abord sous les jupes des Great Scots que nous allons chercher la version qui nous excite. Comme leur nom l'indique, les Great Scots sont un groupe canadien... mais de Halifax, en Nouvelle-Ecosse, tout s'explique. Précédemment nommés The Beavers et dotés d'une crête pré-punk étonnante, ils troquèrent, sous l'impulsion d'un producteur facétieux, cette panoplie minimaliste pour enfiler de merveilleux kilts d'origine douteuse garantie. Cela ne les empêcha pas de produire une musique hyper-tonique bien propre à dégeler vos sous-vêtements (si vous en portez évidemment).

The Great Scots "I Ain't No Miracle Worker" (1966)


Mais ne nous éternisons pas en terre anglo-saxonne et reprenons la route des adaptations exotiques. Il ne s'agit pas cette fois-ci d'une reprise proprement dite mais le thème est le même de toute évidence. Il ne s'agit plus d'être un travailleur miraculeux mais un gladiateur et nous sommes en Tchécoslovaquie cette fois-ci car, voyez-vous, c'est partout un peu pareil : il est assez difficile de répondre aux attentes démesurées. Et puis, non, n'insistez pas, Václav Neckář (le chouchou tchèque de la Cellule) refuse obstinément de faire de la gonflette.

 Václav Neckář "Nejsem gladiátor" (1971)


Comme souvent, ça vaut le coup de faire marcher google translate (erreurs y compris). Regardez ce que ça donne : 

Je ne suis pas Lamzelezo, ni Hercule.
Le temps est un temps sans temps.
Ils disent que ça ne vous dérange pas
que je fasse beaucoup d'erreurs.
A vos yeux, je ne suis tout simplement pas du tout du genre.
Je devrais être un héros et un bagarreur,
mais je suis juste un dormeur passionné.

J'écoute tes raisons comme me jeter aux lions.
Je ne suis pas un gladiateur,
je ne suis pas un gladiateur 
et je n'ai pas de lance ou de bouclier 
et la bête j'en aurais probablement un peu peur. 

Je ne suis pas un gladiateur, 
je ne suis pas un gladiateur, 
si tu le veux juste, 
alors peut-être aller à un bal costumé.

Je ne serai plus jamais astronaute. 
Si je commençais à boxer, 
j'assommerais tout de suite, 

Je ne suis tout simplement pas l'idéal
des rêves de tes filles,
j'ai juste mal à la gorge, 
je vais succomber tout de suite

Je devrais être un héros et un bagarreur, 
mais je suis juste un dormeur passionné,

J'écoute tes raisons comme quand un lion me jette.
Je ne suis pas un gladiateur,
je ne suis pas un gladiateur, 
Je n'ai pas de lance ni de bouclier
et la bête j'en aurais probablement un peu peur.

Je ne suis pas un gladiateur, 
je ne suis pas un gladiateur, 
si tu le veux juste, 
alors allez plutôt à un bal masqué.

Je ne suis pas un gladiateur, 
je ne suis pas un gladiateur, 
Je n'ai pas de lance ni de bouclier 
et la bête j'en aurais probablement un peu peur. 

Je ne suis pas un gladiateur, 
je ne suis pas un gladiateur, 
si tu le veux juste, 
alors allez plutôt à un bal masqué. 

Je ne suis pas bon pour vous, 
après tout, j'ai des côtes comme radiateur. 
Alors je préfère te conseiller : 
attendez que le gladiateur vienne seul.




vendredi 14 août 2020

Ping-Pong et Badminton

 


Puisque la chaleur est un peu retombée, nous pouvons reprendre nos activités estivales. Jeux de balles et de volants. Nous avions déjà évoqué la version très costaud de Ping Pong du tambourinier Guy Conquette où l'on ne sait pas très bien si l'on échange les petites balles ou les mandales, en voici une version plus relax par Bèlènou. Le groupe est né de la rencontre d'Edmond Mondésir, prof de philo et du syndicaliste Léon Bertide, tous deux actif dans les mouvement sociaux qui secouèrent l'île dans les années soixante dix. Début 80, la lutte se déplace sur le terrain culturel avec cette fusion de jazz, standards antillais et textes créoles engagés.

 

Sports de raquette toujours, envolons nous pour l'Indonésie où le sport roi est le Badminton. En témoigne cette belle chanson des soeurs Yanti, un trio particulièrement épatant, actif dans les années 60.


Guitares et Bongos : la recette de l'euphorie avec Lou Christie et les Tammys (1964)




La Cellule vous propose aujourd'hui un concentré d'euphorie juvénile pour dégeler définitivement votre été. Enregistré en juin 1964 avec pas moins de quatre guitaristes, une dose assez rare de percussions tropicales et le groupe vocal féminin le plus cintré de l'époque, les Tammys, "Guitars and Bongo" fut un petit succès pour Lou Christie dans sa Pennsylvanie natale mais surtout dans l'hémisphère sud, en Australie ou en Nouvelle-Zélande. Allez hop, c'est le moment de gigoter autour de la piscine pleine de citron avec un cocktail acidulé au possible :

Lou Christie "Guitars and Bongos" (1964) 





vendredi 31 juillet 2020

Quand le gospel suit un rythme cubain : Mahalia Jackson au sommet de son art (1954)

Le 10 mai 1954, Mahalia Jackson est en studio avec on ne sait trop qui. Aux bongos, aux maracas ou à l'orgue (renversant, l'organiste!), ce ne sont que des musiciens excellents mais parfaitement inconnus. Le temps de cette session new-yorkaise, la grande Mahalia Jackson se laisse entraîner par les rythmes cubains et c'est sans conteste un des disques de gospel les plus enthousiasmants jamais sorti qui en résulte. "On My Way" est un pur classique et un chef d’œuvre d'énergie quasi rock'n'roll :

Mahalia Jackson "On My Way" (1954)


Sur la face B, "My Story" offre une variante hantée et cinématographique de ce syncrétisme improbable cubano-gospel.

Mahalia Jackson "My Story" (1954)



lundi 27 juillet 2020

Reggae pour l'été : John Holt, 1972-1973.

Au début des années 70, après la vague rocksteady, la musique jamaïcaine suit résolument un mouvement orienté vers des racines réelles ou réinventées. C'est cette route qui dominera (et heureusement car c'était indéniablement la plus riche). L'histoire n'était pourtant pas écrite d'avance et un autre voie plus pop aurait aussi pu emporter le morceau. Certains hésitèrent entre les deux directions. En 1973, c'est le cas de John Holt, auparavant chanteur des fameux Paragons. Son album Time Is the Master comporte quelques violonades superflues mais n'en compte pas moins des morceaux excellents sous influence musicale du renouveau roots mais plus portés sur les méandres de la vie amoureuse certes que sur le revival jah-jah. Pour l'été, c'est léger. Pour l'été c'est parfait, peut-être. Remontons donc le temps :

John Holt -Time Is The Master (1972)


Et puis, il y a aussi sur le disque ce pur chef d’œuvre. Quoi qu'en pensent les puristes, une des merveilles de la Jamaïque.

John Holt "Riding For A Fall" (1972)


jeudi 23 juillet 2020

Très acidulé : le kwela et autres friandises nécessaires d'Afrique australe (1940-1960)

La Cellule diffuse aujourd'hui l'énergie des townships sud-africains en célébrant le moment musical dominé par le kwela et le son acidulé de la flute (tin whistle). Le premier morceau se trouve sur un 78T de 1940 :

Sophtown Cool Seven - Sophtown Special (1940)

Mais il n'y a pas que la flûte, les crins-crins du coin ont aussi de quoi vous déboucher les esgourdes avec l'acidité appropriée.

Josiah Khuzwao & his String Band - Emkhumbane (1960)

Et l'harmonica fera au besoin des merveilles. Pur euphorisant!

Sample Siroqo - Baya Yuma (1960)

Toutes ces pépites viennent du premier volume des compilations "Township Jive & Kwela Jazz" sur le label Soul Safari qui explore l'âge des 78T en Afrique du Sud et que l'on vous recommande ardemment.






samedi 18 juillet 2020

Chélonéphilie instrumentale : beauté pure du Cap-Vert


La Cellule vous invite sous sa carapace aujourd'hui pour vous régaler d'un morceau de Baltasar Januário Lima de Barros, connu sous le nom de Nhô Balta, grand musicien engagé dans la lutte anti-coloniale. La chanson, une morna, est dédiée aux tortues mais c'est la version instrumentale que l'on vous propose. Nhô Balta est accompagné par le groupe Black Power. Le titre est paru en 45T, peut-être vers 1977, sur le label A Voz da Capo Verde. Guitare, orgue, clarinette... c'est magique.


mardi 14 juillet 2020

La magie d'Arsenio Rodriguez : un pur chef d'oeuvre méconnu (1963)


Malgré les louables efforts de Marc Ribot ou de Ry Cooder, les disques d'Arsenio Rodriguez, l'aveugle merveilleux de la muisque cubaine restent plutôt méconnus (sur la Cellule, voir déjà ici et ici). Son magnifique disque de 1963, par exemple, "Arsenio Rodriguez y su Magia" n'est pas souvent rangé parmi les classiques indispensables à avoir nécessairement dans sa discothèque, bien à tort. Le roi de la "tres", cette guitare à trois cordes doublées y lorgne à la fois vers ses racines africaines, son grand-père était originaire du Congo (la traite ne s'est arrêté qu'en 1882 à Cuba, barbarie prolongée mais aussi contact direct rapproché avec l'Afrique) et la modernité du rhythm and blues. L'album est terriblement varié, du chant de révolte en hommage aux esclaves marrons (cimarrons, en espagnol) puisant au plus vital des sources africaines :

Arsenio Rodriguez "Compay Cimarron" (1963)


Passant par la douceur cubaine typique du sublime "Mona"


Sans s'interdire de mêler des éléments plus US comme dans le joyeux syncrétisme de "Quidembo Hot"


Mais c'est tout le disque qu'on écoute avec jubilation. Vous auriez tort de ne pas aller le pêcher fissa sur le mirifique blog aural joy

Et bonus, voici un peu de lecture avec les notes de pochettes qui sont, une fois n'est pas coutume, tout à fait instructives :


 

jeudi 9 juillet 2020

Minimalisme reggae, plagiat par anticipation et aussi comme le goût du tango : Augustus Pablo



Il n'est jamais trop tard pour découvrir les classiques du mélodica. Au début, on peut trouver la chose un peu fade (je l'avoue) et puis elle fait son nid entre vos deux feuilles de choux et on se retrouve rapidement accros à ses adaptations pleines de mélancolie minimaliste. Prenez, par exemple, un joyaux de Ken Boothe, mettez-le à la diète, remplacez le thème amoureux par une inspiration rastafari (pour un instrumental, ça ne coute pas cher - changer seulement le titre) et laissez faire le mélodica.

Augustus Pablo "Jah Light" (1977)


Le maître du genre est Augustus Pablo, qui diffusa le son du petit piano de bouche dans toutes les seventies jamaïcaines à la manière d'une irrésistible épidémie. East Of The River Nile est un de ses albums phare enregistré en 1977 dans les studios de Lee Perry. Le morceau suivant en est tiré comme tous ceux de ce post :

Augustus Pablo "Africa (1983)" (1977)


Intensément jamaïcaine, la musique d'Augustus Pablo essaima un peu partout. En France, Pascal Comelade fut à n'en pas douter un de ses plus attentifs auditeurs, si bien que certains morceaux d'Augustus Pablo pourraient presque passer pour des plagiats par anticipation de ceux du catalan magnifique. Oui, il y a comme un goût des tangos de poche de Comelade dans ce reggae-là, vous ne trouvez pas?

 Augustus Pablo " Sounds From Levi" (1977)


mardi 16 juin 2020

Les synthétiseurs de 1986 : les Nits

Parmi les nombreux albums des Nits, il y a Henk pour lequel j'ai toujours eu un faible, je l'avoue bien fort. Le disque compte quelques classiques : "Bike In Head", "Port of Amsterdam" (rien à voir avec Brel), "Home Before Dark" ou "Under A Canoe", mais il y a aussi quelques perles passées plus inaperçues où la technique de l’échantillonnage telle qu'on la connaissait en 1986 est utilisée avec une grâce certaine pour des résultats toujours surprenants trente-cinq ans plus tard. Les Nits sont à la fois très classiques et grands novateurs, leur son est parfaitement typique de l'époque et curieusement décalé. Écoutez donc cette magnifique chanson de rupture amoureuse (ce que raconte l'oreiller quand l'autre est parti) au pathos extrêmement retenu et aux arrangements acrobatiques.

The Nits "Pillow Talk" (1986)


Et puis la suivante sur le LP qui vous propose un drôle de voyage franchement enjoué même si tout se passe sur la mer obscure de la vie.

The Nits "Cabins" (1986)






samedi 13 juin 2020

Twist with the docteur : gare à l'épidémie de rhume, nous prévient Adamo


La conclusion thérapeutique est radicale : un revolver plutôt que le rhume et la pandémie qui va avec. Mais comment en arriver là? L'itinéraire est assez improbable. Vous allez voir, elle est vraiment étrange cette chanson d'Adamo, avec son humour paré d'on ne sait plus trop quelle couleur.

Adamo "La Complainte des élus" (1966) 






lundi 1 juin 2020

Laos 1931 : tellement loin, tellement près

La notion du temps se brouille quand vous écoutez ce solo de khène, instrument traditionnel laotien, et que vous vous rendez compte que ce morceau date de 1931. C'est un dénicheur de génie, Ceints de Bakelite, qui nous le fait découvrir dans une formidable déambulation à travers les collections de Gallica. On n'en revient toujours pas.
 



mercredi 27 mai 2020

Déconfiner enfin. Ou pas. Un moment d'hésitation avec Brian Wilson et Sagittarius.



Les témoignages sont unanimes : la fin du confinement, ça ne s'est pas passé sans quelques petites perturbations psychologiques. Oui, ce cocon artificiel comme hors du temps, on n'y était pas si mal après la phase d'adaptation initiale. Il va falloir réapprendre à marcher sur le sol prosaïque de la vie quotidienne. Sans vertige. Ou alors non et si on restait dans notre chambre...

C'est bien l'option que suggère l'écoute de "In My Room", cette incroyable ode à la claustrophilie adolescente écrite en 1963 par Brian Wilson et Gary Usher, un des sommets parmi les hits des Beach Boys. Six ans plus tard, Sagittarius, le groupe de Gary Usher se réapproprie le titre sur son deuxième album un peu méconnu. C'est Curt Boettcher qui chante et c'est presque aussi envoutant. Alors : sortir ou pas...

Sagittarius - In My Room (1969)


PS : Source de l'image : Illustrierter Leitfaden der Naturgeschichte des Thierreiches, 1876.

samedi 23 mai 2020

Là où coule le miel et le lait de la pop de Curt Boettcher (Summer's Children)

La Cellule vous prend la main aujourd'hui pour vous emmener en promenade au pays de la pop enchantée imaginée par le producteur Curt Boettcher (Millenium, Sagittarius, etc.). Les groupes inventés par Boettcher n'ont souvent qu'une existence toute hypothétique réduite à quelques sessions d'enregistrement quelquefois même recomposées après-coup, mais derrière ces hétéronymes se cachent quelques-uns des perles les plus euphorisantes de la musique californienne. Les paroles sont ici pur prétexte, mais ne vous donnent pas moins le sésame pour revenir à l'age d'or, là où coule le miel et le lait de l'utopie pop.

Summer's Children - Milk and Honey (1966)
 

Et sur la face B, de ce second et ultime 45T des Summer's Children, vous pouvez découvrir un morceau plein de mélancolie adolescente qui pourrait vous faire penser à une histoire des Shangri-Las produite par Joe Meek. Pure et étrange merveille détachée du temps.

Summer's Children - Too Young To Marry (1966)




lundi 18 mai 2020

Quand Link Wray dévoie un chanteur de gospel : la météorique carrière de Bunker Hill


Certains des disques les plus frappants dans l'histoire du rock'n'roll ont été créés par des inconnus plus ou moins parfaits. David Walker fut un de ces artistes séminaux dont l'existence reste fort obscure alors que leurs disques illuminent les compilations sur lesquels ils figurent. Né en 1931, David Walker partagea d'abord son temps entre la boxe et le gospel. Il entra dans les Mighty Mighty Clouds Of Joy un des groupes fameux de Los Angeles où son timbre rauque faisait merveille comme vous pouvez l'entendre ici :

Mighty Mighty Clouds of Joy "Jesus Lead Us Safely" (1960)


Comme Sam Cooke, la tentation de s'illustrer dans le versant profane de la musique vint titiller le jeune homme. Nul monument de douceur à l'horizon pour autant car c'est avec le guitariste Link Wray que l'accord se noua. C'est le côté le plus rêche du gospel qui serait lâché cette fois dans le monde. Personne ne sait pourquoi David Walker choisit le nom d'une bataille de la guerre d'Indépendance pour lancer sa carrière rock'n'roll mais l'on sait que ce pseudonyme devait dissimuler sa trahison dans le monde du gospel. La première galette sortit sur le label Mala en 1962. Toute la force du gospel était convoquée là pour exhorter l'assistance à se déchaîner sans trêve ni repos sur un rythme binaire des plus primitifs.

 BUNKER HILL -
Hide And Go Seek, Part I / Hide And Go Seek, Part II (1962)


Le second 45 T reprenait les choses où il les avait laissées. C'était au tour du petit chaperon rouge de venir voir le loup sur la piste de danse. Sur la face B, un pur morceau de deep soul rappelait les origines gospel de Bunker Hill.

BUNKER HILL - Red Ridin' Hood and the Wolf (1962)

BUNKER HILL - Nobody Knows (1962)


Puisqu'il était présent dans les studios un jour d'enregistrement de Link Wray, Bunker Hill ne dédaigna pas de faire à l'occasion les chœurs.

LINK WRAY & HIS RAYMEN  - Dancing Party (1963)


1963 vint cependant clore la météorique carrière de Bunker Hill avec deux titres débordant d'énergie,  Sur son dernier 45T, Bunker Hill semble dépasser Little Richards sur son propre terrain. Surchauffe garantie sur la piste avec Link et les Raymen pour assurer les arrières.

BUNKER HILL - The Girl Can't Dance (1963)



BUNKER HILL - You Can't Make Me Doubt My Baby (1963)


Apparemment son échappée du côté du rock'n'roll le plus sauvage n'était pas passée inaperçue aux amateurs de gospel. David Walker put cependant revenir pour un court moment en 1963 avec les Mighty Clouds Of Joy. Il apparaît en effet pour son tout dernier enregistrement sur la face B d'un 45T de ce groupe prolifique.

THE MIGHTY CLOUDS OF JOY - You'll Never Know (1963)


Quoi qu'il en soit l'histoire se termine ici sans que personne ne sache pourquoi David Walker, alias Bunker Hill, déserta les scènes profanes ou sacrées après une déflagration sonore aussi mémorable (vous trouverez sa discographie complète ici et là une enquête biographique admirable, le tout par le journaliste finlandais Peter Hoppula).


PS : La toile : John Trumbull, La Mort du général Warren à la bataille de Bunker Hill, le 17 juin 1775, 1786 (Musée des Beaux-arts de Boston).

dimanche 3 mai 2020

De Chopin à Link Wray en passant par Tino Rossi et quelques autres

C'est peut-être la plus célèbre des études de Chopin. Tout commence donc dans les années 1830 avec cet inoubliable morceau pour piano :


Un siècle plus tard, fleurissent les adaptations munies de paroles en allemand, en français, etc. Tino Rossi livre une version suivant le motif troubadour des chansons d'aube. "L'ombre s'enfuit. Adieu Beaux rêves..."

 Tino Rossi "Tristesse" (1939)


Non moins sentimental, l'uruguayen Edgardo Donato en donne, lui, une saisissante version tango.

Edgardo Donato "La Melodia del Corazon" (1940)


N'oublions pas la version des Quatre barbus qui opèrent un retournement digne des Poésies de Lautréamont (Montevideo quant tu nous tiens!) et transforment, avec le concours de Pierre Dac, la tristesse en chant d'allégresse.

Les Quatre Barbus "Chant d'allégresse" (1960)


"Les hommes sandwich ne se mangent plus entre eux"

Et c'est enfin au tour improbable de Link Wray de pendre la mélodie de Chopin au cou de la guitare la plus sauvage d'Amérique (un peu adoucie pour l'occasion).

Link Wray "Golden Strings" (1960)