vendredi 30 août 2019

Minimalistes japonaises

Bonjour !

Très touchée de faire mon entrée dans cette délicieuse cellule, je sors pour l'occasion de ma besace deux morceaux qui ont le bonheur de combiner de similaires et irrésistibles atouts :
tout en étant très différents l'un de l'autre, ils sont tous deux l’œuvre de femmes japonaises et cultivent un minimalisme brut à vous protéger à tout jamais de la moindre tentative de production léchée.

Œuvrant au sein du collectif multiforme Maher Shalal Hash Baz de son anti-chef d'orchestre de compagnon Tori Kudo, REIKO KUDO fait aussi des disques à elle.
En groupe, c'est gigantesque, imprévisible, bouleversant.
En solo, c'est minuscule, imprévisible, bouleversant.
Et la guitare de Tori Kudo, qui se tient en embuscade pour ne sortir du bois qu'à mi-chemin du morceau, est de celles qui vous donne envie de monter un groupe immédiatement même si vous n'avez jamais touché un instrument de votre vie et de surtout, surtout, vous tenir la plus éloignée possible d'une table de mixage pendant les vingt prochaines années.

Reiko Kudo — « Kaihatsu-san » — 2000



Toujours aussi minimaliste, féminin et japonais, MIAMI est un duo tokyoïte composé d'Ai Kajiya au violon et Ai Kobayashi au sampler. Je ne leur connais qu'un disque, sorti en 2007, « Good Morning Playground ».
On change de terrain de jeu : place à l'enfance donc, aux couleurs acidulées et aux mélodies joyeusement entêtantes.

Miami — « サボテン » — 2007



 またね!

lundi 26 août 2019

Dérouter la prohibition à Porto Rico en 1929

NB l'inscription : "Too old"

1929. Porto Rico est écartelée entre son ancrage hispanique et un processus de rattachement progressif aux Etats-Unis si lent qu'il n'est toujours pas complet à l'heure actuelle. La musique est marquée par la tradition indigène mais les problématiques sont souvent importées de l'envahissant grand frère. C'est ainsi au son de l'accordéon que l'on se débat contre les contraintes de la prohibition (voir ici une étude historique sur le sujet). Ainsi, les Rois de la plena, le nouveau genre à la mode, s'emparent du thème. Rafel Gonzalez Levy dirge l'orchestre qu'il a fondé et bien sûr, c'est à New York que l'on va enregistrer le 78tours : 

Los Reyes de la Plena "La Prohibicion nos Tiene"


Los Reyes de la Plena ne négligent les autres sujet d'actualité, comme les transports ferroviaires par exemple : 

Los Reyes "La Maquina"


Et toute une sélection d'autres morceaux vous attend ici.

samedi 24 août 2019

Compa retro-futuriste : DJet-X (1978)

La Cellule, plongée dans la torpeur estivale, se réveille paresseusement pour vous indiquer en douce un morceau de compas sensationnel et pour tout dire imparable. Nous sommes en 1978, Le DJet-X est le groupe du saxophoniste Gérard Daniel (voyez ici la discographie). On rêve à Port-aux-Princes comme partout ailleurs de voyages interstellaires, mais nulle part ailleurs on n'a intégré de manière aussi jubilatoire (et improbable) le solo d' "Hotel California" à une chanson.

"Jive Turkey"




vendredi 16 août 2019

Jeu de piste : où est ce tigre?


Where's that tiger! Where's that tiger!
Where's that tiger! Where's that tiger!
Hold that tiger! Hold that tiger! Hold that tiger!

Si l'enregistrement du jour n'était pas purement instrumental, ce serait à coup sûr les paroles.

Oui, où est-il ce tigre? Car pour celui de l'enseigne, il est peut-être quelque part où vous ne l'auriez pas cherché. A Kežmarok précisément, loin en Slovaquie, au pied des Tatras, là où l'ours grogne plus souvent que le tigre ne rauque.

Quant à notre Tiger Rag du jour, il vient des Amériques, bien entendu. Et c'est le Friar's Society Orchestra qui le joue en 1922. L'année suivante la formation prendra le nom de New Orleans Rhythm Kings (NORK). Comme son nom ne l'indique qu'à moitié, se réunissaient sous la dénomination de fameux musiciens de La Nouvelle Orléans mais aussi de Chicago. Mais chut, entrons à pas de loup dans la forêt primaire du swing originel (ou presque) :



mardi 13 août 2019

L'autre côté du groove paysan à Haïti et revue en France


C'est un album profondément rural qui nous vient d'Haïti. Les sapes sont classes mais les thèmes des morceaux n'en sont pas moins avant tout agricoles. Le titre place directement le disque sous le signe du roi du poulailler et situe bien les choses. La deuxième chanson s'intéresse directement à "La vie paysan". Le kompa de 1970 peut être endiablé mais aussi lunaire comme sur cet autre morceau, "Bohémiens", à la beauté pure mais comme démantibulée, avec ses claviers en discussion avec les cuivres et presque en apesanteur.
"Bohémiens"

[Il semble qu'il y ait eu un problème de gravure pour le LP : le deuxième morceau du disque n'est pas celui indiqué sur la pochette ni sur youtube].
C'est avec cet improbable hymne au clair de la lune paysan que je voudrais saluer la sortie d'une revue consacré à un thème grave. "Un monde en voie de disparition : les paysans" sous-titre le dernier numéro de L'Autre côté pour sa quatrième parution. Dans ce cas là, Les diables bleus, ce serait un peu l'autre côté de l'autre côté. "Dansez carré", nous suggèraient déjà d'autres Haïtiens!


Pour commander la revue, voyez ici.

Pour le disque, c'est plutôt là.


mardi 6 août 2019

Commémoration de l'iguane!



La Cellule ignore largement la pulsion de commémoration qu'elle illustre qu'avec parcimonie et coumegranossaloume, siouplait! Mais pourquoi négliger l'occasion (qui fait le larron, rappelons-le) si l'idée de célébrer la sortie du premier album des Stooges, il y a tout juste cinquante ans (au mois d'août 1969) nous permet de visiter les terres peu connues de l’Équateur où le salsero Cayito armé de ses Guerilleros semble avoir signé le premier hommage de l'histoire dédié à James Newell Osterberg Jr., et ce dès 1972!





vendredi 2 août 2019

Billard éclectique



Alors que certains se prélassent au bord de la plage et que d'autres randonnent, une partie de la cellule d'écoute n'a pas quitté la ville. Le soleil fait chauffer le bitume et l'écoute ces trois morceaux nous évoquent les néons des salles d'arcades, le vacarme des flippers et les boutons en plastique des bornes de jeux.

Dans le troisième album de sa trilogie expérimentale Sextant (1973), prélude au succès de Headhunters, Herbie Hancock fait crisser les synthétiseurs du Dr. Patrick Gleeson au contact d'instruments plus communs au jazz. La friction fait des étincelles.



Jamais en retard d'une expérience Haruomi Hosono, bien connu des amateurs de YMO se livre à une étude passionnante sur Vidéo Game Music (1984). La première partie du morceau est tout simplement la musique et les sons tels qu'on les entend dans Xevious, un shoot 'em up sorti l'année précédente sur la nintendo NES puis à la fin de la partie, le vrai jeu commence : examiner chaque élément, en apprécier les qualités, les assembler et voir un peu comment on peut travailler cette matière sonore là. La texture si particulière des sons me ramène immédiatement dans les salles d'arcade de mon adolescence ou sur le canapé de mes amis du collège pour d'interminables parties.



Polyrythmie distordue d'une part, bricolage électronique d'autre part autant d'ingrédients que l'on retrouve chez les congolais de KOKOKO ! bidouilleurs inspirés d'instruments du quartier Ngwaka de Kinshasa, leur frénésie chaotique paraît la bande son idéale pour la canicule.




En bonus, parce qu'il est difficile d'évoquer les billards électriques sans y penser : Blast Off des Monks, vraiment pas si loin de KOKOKO!