jeudi 31 mai 2018

Pour un cocktail aux Bahamas avec Freddie Munnings

Cette fois-ci ça se passe au Cat and Fiddle, célèbre boîte de nuit de Nassau dans les années 50 et la Cellule, parfaitement désinhibée, vous propose toutes sortes de cocktails principalement à base de noix de coco, que vous pourrez boire en compagnie des célébrités du moment (Count Basie, Louis Amstrong, Harry Belafonte ou Samy Davis Jr selon vos goûts et préférences). C'est la tournée de Freddie Munnings qui dirige l'orchestre. Un certain Dennis Paul joue de la flûte. On danse le goombay sans plus se soucier de régler les problèmes du monde.



mardi 29 mai 2018

Irrésistible : Les West African Rhythm Brothers (1959)

Tout se passe à Londres, le grand Ambrose Campbell (dont nous avons déjà parlé ici) a réuni autour de lui de nombreux musiciens des colonies africaines de l'Empire britannique (bientôt en cours de dislocation), auxquels se joignent bientôt de nouveaux musiciens de la diaspora noire, qu'ils viennent de la Barbade ou de Trinidad. Les conditions d'enregistrement sont optimales. Le highlife d'Afrique de l'Ouest se mêle au calypso des Antilles, une touche de sophistication jazz ajoute à la splendeur de l'ensemble. Nous sommes en 1959 et le plus soyeux morceau enregistré cette année en Angleterre s'appelle Ominira.

Si vous en voulez plus (comment pourriez-vous ne pas en vouloir plus?),  il ne vous reste qu'à fréquenter les excellentes compilations intitulées : "London is The Place For Me", 6 volumes de pure jubilation.



dimanche 27 mai 2018

O O O ou un tour dans la ville du Merzbau avec Hans-A-Plast (1979)

Hanovre n'est pas seulement la ville de Kurt Schwitters et de son Merzbau. Si vous scrutez les retombées de la flambée Dada sur la cité, vous tomberez aussi sur le groupe punk Hans-A-Plast, qui requiert aujourd'hui toute votre attention avec ce primal O O O : 


Le morceau est sur le premier album, qu'il clôture avec toute la componction appropriée. Mais vous aviez auparavant pu écouter cette ode à la reproduction sociale (au sens le plus littéral du terme) :


Et aussi, et peut-être surtout, le tube :



samedi 26 mai 2018

Toujours les classiques du highlife : les Ramblers de Jerry Hansen

Prolongeons le post d'hier en évoquant plus longuement la grande figure du highlife ghanéen que fut le saxophoniste Jerry Hansen et son orchestre les Ramblers, fondé en 1961. Sa carrière fut extraordinairement prolifique et accompagna l'enthousiasme de l'époque de l'indépendance comme les temps plus difficiles du Ghana. Je vous propose donc, Ima Abasi, un titre de 1968 à moitié dégingandé, spécial pour faire décongeler les psychorigides les plus endurcis : 


Auquel je joins un titre plus tardif de 1976, Dodzi, qui ne devrait pas non plus vous entraîner vers aucun excès de furie meurtrière :





vendredi 25 mai 2018

Rocksteady dans le golfe : de la Jamaïque au Ghana

Entre le golfe de Guinée et celui du Mexique, l'histoire musicale du XXe siècle est faite de réappropriations multiples. Certains genres font l'aller-retour sans arrêt tandis que d'autres restent cantonnés d'un côté de l'Atlantique. C'est le cas du rocksteady jamaïcain qui ne posa guère plus qu'un orteil en Afrique. Le transfert s'est passé surtout au Ghana, plus ouvert aux influences anglophones en provenance des West Indies. Nous sommes en 1971 et les Ramblers reprennent donc, pour votre plaisir et délectation, "Ride Your Donkey" des Tennors. Quant à la Cellule bien sûr, elle vous offre les deux versions.


mardi 22 mai 2018

Quand l'appel du Negus rend ton ska un peu plus bizarre : Count Ossie (1961)

Reveil en douceur ce matin sur La Cellule. Nous sommes tous dans une jungle idyllique où Count Ossie tente de nous faire reconnaître l'appel du Négus. Le grand-maître tambour des collines de Kingston à de sacrés arguments et mêmes quelques arguments sacrés à nous faire entendre. La dérive mystique du ska est lancée. Une décennie plus tard le reggae naîtra dans ce chaudron où mijotent déjà le rhythm and blues ricain et des traditions religieuses africaines réinventées sur place en Jamaïque mais nous n'en sommes pas là. Nous aurions bien tort de ne pas suivre d'ores et déjà l'appel vers cette Ethiopie fantasmée qui sert de symbole à l'autonomie noire et transforme le ska local en un nouveau gospel inouï et génial.

lundi 21 mai 2018

Angola séminal : N'Gola Ritmos (1964)



C'est un des premiers groupes angolais à avoir enregistré sa musique. Le morceau, Nzagi, a été gravé à Lisbonne en 1964. Il s'agirait d'un conte mettant aux prises une grenouille et un lézard... Il existe aussi une vidéo avec le mythique combo (pour la télévision portugaise, j'imagine). C'est rare et c'est beau à s'évanouir.


vendredi 18 mai 2018

Ma vie sans moi (11) : les Beach Boys jusqu'à en mourir



La pochette donne le la. Le dix-septième album des Beach Boys est tout sauf un monument élevé à l'euphorie de la pratique des sports nautiques, ni même à celle du hippisme d'ailleurs. La vague est passée. Surf's up. Mais la fin de partie révèle quelques titres magnifiques!

Au cœur de ce disque surtout brille une pépite noire d'un éclat sans pareil. Je me suis rendu compte il y a quelques jours que Gilles Dupuy me l'avait fait découvrir il y a à peu près 25 ans. Ce qui m'a flanqué un bon coup de jeune... Mieux vaut ne pas essayer de se remettre de ce genre de claque. Le morceau s'appelle Till I Die et voilà à peu près de quoi il s'agit :


Comme un bouchon de liège balotté sur la mer demontée qui se demande quelle est la profondeur de l'océan - comme un rocher dévalant les pentes de la montagne qui se demande si le fond de la vallée est encore loin - comme une feuille dans un jour de tourmente qui se demande combien de temps le vent va souffler. Je suis toutes ces choses et je resterai ainsi jusqu'à ce que je meurs.


Avec une autre version peut-être encore plus renversante :


jeudi 17 mai 2018

Chausser une nouvelle fois les tongs de la mélancolie : On The Beach avec Neil Young



Rien d'obscur aujourd'hui avec ce titre de Neil Young même si l'absence d'une réédition longtemps bloquée par The Loner avait fini par donner un statut culte à l'album. Il a rejoint depuis la liste des classiques des classiques. Il n'en reste pas moins que cette plage est foutument dévastée, les amis, et que l'on vous recommande de regarder où vous mettez les pieds.


"Toutes les photos que j'avais accrochées sur le mur hier tombent une à une"

mardi 15 mai 2018

Les flippés de la plage font un tour en Hollande (1973)

J'étais complètement passé à côté. Je découvre seulement cet incroyable album des Beach Boys enregistré en Hollande en 1973, alors que Brian Wilson est déjà presque en pilotage automatique. "Steamboat" est un de ces diamants noirs de la production du groupe, plein de mélancolie et de grincements, dissimulés sous les harmonies célestes. Montez donc sur ce bateau fantomatique : c'est une grande chanson écrite par Dennis Wilson.



vendredi 11 mai 2018

Nigeria givré : Opotopo (1979)

On continue aujourd'hui notre tour du Nigeria en barocco. Suivez donc la visite de toutes ces "perles irrégulières" (selon l'étymologie portugaise) qui émergent pour notre bonheur autour du golfe de Guinée. Avec Opotopo c'est une Afrique psychédélique et stellaire qui se découvre. Nous sommes en 1979. La guitare et le clavier rivalisent dans leurs écarts pour vous mener définitivement ailleurs!


A noter que l'excellent label Soundway a aussi réédité un album d'Opotopo!

mardi 8 mai 2018

Electro Nigeria : décoller avec N'Draman Blintch (1979)

Le mélange est détonnant : afro-beat, disco, funk, conscience cosmique, mais si je vous dis que c'est William Onyeabor (dont nous vous avons déjà parlé ici) qui est à la production, vous commencez à vous faire une idée de la forme générale de cet OVNI. Nous sommes en 1979 et, à Lagos comme à New-York, la basse et les claviers ont pris le pouvoir : l’atmosphère est poisseuse, étouffante, suffocante. Allez, on se fait la face A de ce vinyl légendaire :



 
 



lundi 7 mai 2018

Tendre l'élastique de la Juju Music avec Irewolede Denge



Des percussions, une guitare et une voix qui vibre comme un élastique, la chanson que Irewolede consacre au père du théâtre nigérian, Hubert Ogunde, est une drôle de chose très simple que vous auriez tort de ne pas faire rebondir immédiatement entre vos oreilles.


Mais Irewolede Denge est surtout célèbre comme un des pionniers de la Juju Music, ce genre d'abord spécifiquement yoruba qui dérive de la Palm Wine Music au milieu des années 30. Il est même censé avoir baptisé le genre, tandis qu'un 78 tours de 1937 est aussi un des premiers enregistrements connus  (attention oreilles délicates, ça gratte fort) :


PS : Les deux morceaux ouvrent et closent la compilation Juju Roots que l'on conseille surtout aux plus acharnés.

dimanche 6 mai 2018

La vraie philosophie par Celestine Ukwu (1971)

Aujourd'hui, un de mes albums de highlife favoris : "True Philosophy" de Celestine Ukwu. 
Après une interruption de trois ans due à la guerre du Biafra, la carrière de Celestine Ukwu se relance en 1971 avec ce disque, qui est un classique de la musique populaire nigeriane. La légéreté aérienne du highlife, sa douceur mêlée d'excentricité, sa délicatesse teintée de mélancolie n'ont jamais été mieux servie qu'ici par un as du vibraphone qui convoque clarinette, steel guitar, yodel improbable et clochettes tintinabullantes pour vous faire passer un moment de sensualité philosophe rare. Car le vrai philosophe igbo semble être un épicurien fantaisiste : un modèle pour vous et moi et cette après-midi ensoleillée!

Voici donc pas moins de quatre morceaux tirés de cet album mirifique :




vendredi 4 mai 2018

La grâce alanguie de Saint-Augustine (Nigeria 1970)

La théorie augustinienne de la grâce au Nigéria ne correspond à nulle angoisse métaphysique à propos de la prédestination. Non elle est plutôt associée à un genre de highlife délicieusement alangui destiné à vous guider comme en rêve vers les sophas les plus profonds des seventies. Ce sera du moins la direction pour ce single précoce d'Augustine Anwuza alias Saint Augustin. Vous prenez enfin la résolution de renoncer à toute effort superflu. Nous sommes en 1970.




jeudi 3 mai 2018

Les Beatles à Dada : Ghana (1971)


Aujourd'hui une des reprises les plus réussies des Beatles. Nous sommes au Ghana en 1971 et c'est Charlotte Dada qui vous fait découvrir les recoins les recoins les plus habités de "Don't Let Me Down".


mercredi 2 mai 2018

La puissance atomique du highlife de Dan Satch (1970)

Aujourd'hui un album classique du highlife nigérian, de 1970, qui fut aussi longtemps une énigme et que l'on connait bien mieux grâce au mirifique blog Likembe, sur lequel vous pourrez le télécharger intégralement (les liens ci-dessous renvoient directement au blog). Notez, au passage, que Likembe est de nouveau très actif après le ralentissement des dernières années, ce qui est une excellente nouvelle pour tous les piqués de musique africaine. Derrière le trompettiste Dan Satch Joseph, donc, un groupe étoffé officie ici (le nom du groupe ferait penser qu'ils sont huit, mais j'en compte onze sur la pochette) et propose un assortiment des plus variés. Nous avons ainsi un cha-cha, passablement étrange (comme envoûté) : Onye Huru Odum ; une chanson louchant un peu vers la pop, en anglais du Nigéria : My Girl ; ou une reprise d'E.T.Mensah : Calabar O. Mais le morceau le plus incroyable est à coup sûr :


L'intro est à nulle autre pareille. La rythmique donne le ton, puis vous entendez des cuivres comme venus de très loin à l'est, peut-être d’Éthiopie ou plus loin encore, puis un très court solo de sax vous plonge la tête dans l'eau du funk le plus froid New-York, et après ce traitement de choc, quelque chose de plus doux et profond vous enveloppe au son de la basse et vous êtes déjà presque un adepte du dieu Ibinu Ukpabi (car c'est bien de cela qu'il s'agit). 

mardi 1 mai 2018

Quoi de neuf Dr Olaiya : la superstar de la trompette highlife

Aujourd'hui l'énergie nous vient d'une star de la trompette nigérianne : Victor Abimbola Olaiya, aussi connu sous le nom de Doctor Olaiya. Le gaillard est né en 1930 et il était encore actif en 2013! Dans les années 60 et 70 il fit le lien entre le highlife et l'afrobeat, intégrant l'apport de James Brown à la musique d'Afrique de l'ouest et collaborant avec Tony Allen ou Fela Kuti. Mais trève de discours, écoutons plutôt le tube de 1963 que l'on trouve sous les noms de "Omo Pupa" ou de "Mofe Muyan" (je ne sais pas pourquoi...). Vous allez voir : ça chaloupe tout d'un coup votre journée :
 

Et pour prolonger le kif voilà une collaboration un peu tardive avec l'autre grand maître du Highlife, mais du Ghana pour sa part E.T. Mensah :