jeudi 27 avril 2023

Fados comiques, yodels portugais et autres oxymores musicaux

 

 

Pour le coup, on ne sait pas très bien où tout cela se passe, quels sont les protagonistes ni quand cela a pu arriver bien exactement. C'est sur une compilation de musiques latinos classées selon un vrac relatif que l'on s'est procurée pour trois francs six sous (celle-là), qu'on a trouvé ces morceaux incongrus. Pas la moindre information sur la provenance exacte : le Portugal à coup sûr mais où... Le nom même de l’interprète pourrait être sujet à caution : on n'a absolument rien trouvé sur elle en parcourant la toile en tous sens ; et quant aux deux chansons, on ne connait rien d'autre que leur titre et le nom du compositeur un certain João Nobre. Bref, si quelqu'un en sait plus, qu'il n'hésite pas à se signaler.

Pour la Cellule, l'irrésistible attrait de ces deux perles baroques vient de leur caractère de contradiction dans les termes. La première se présente comme un fado yodelant. Autant dire que la mélancolie typique du genre, la saudade, est ici très parfaitement absente.

Maria Manuela "Fado tirolês"

Quant à la seconde, c'est un adieu à la guitare, l'instrument emblématique du Portugal. Bonjour trombone et saxophone, bonjour à la trompette, et même à la clarinette mais adieu à la guitare et à toute sa symbolique pleine de nostalgie.

Maria Manuela "Adeus Guitarra"

On doute qu'on puisse appeler ça un fado, ce serait plutôt un contre-fado... On soupçonne que ça pourrait venir d'une opérette portugaise, si une telle chose existe... Des années 30? peut-être 50, pourquoi pas?


 


 

 


mardi 11 avril 2023

No No Blues : un classique qui fuse comme une balle (Atlanta, 1928)

 

La Cellule vous propose aujourd'hui un blues qui fuse comme une balle le long d'une ligne de basse aussi sommaire qu'imparable. Nous sommes en 1928, les nuits d'Atlanta sont chaudes comme de la braise autour de Decatur Street. Officient là Blind Willie McTell ou Barbecue Bob ; et Curley Weaver, le "magicien" de la slide, qui vous hypnotise avec une chanson de dénégation dont les antiphrases ne trompent personne (sûr qu'il l'a mauvaise de s'être fait largué).

Curley Weaver "No No Blues" (1928)


dimanche 9 avril 2023

Le plus connu des classiques méconnus : Trouble So Hard de Vera Hall (1937, 1960, 1999)

 

Parmi les morceaux très âpres du gospel-blues de l'Alabama, celui-ci est sans doute le plus connu depuis que Moby l'a intégré à son tube de 1999 - "Natural Blues" - qui n'a pas pu ne pas passer à travers vos oreilles. La Cellule vous propose aujourd'hui de frisonner à l'écoute de la version a capella de Vera Hall (1902-1964) enregistrée dans toute sa pureté par Alan Lomax en 1960 : 

Vera Hall "Trouble So Hard" (1960)

Ce n'est pas pour rien que Lomax considérait que c'était la plus belle voix qu'il ait jamais gravée sur ses bandes (et dieu sait s'il en avait enregistrées, des voix merveilleuses). Il existe une version plus ancienne, où Vera Hall est accompagnée par ses cousins Dock et Henry Reed.

Vera Hall & Dock Reed "Trouble So Hard" (1937)




lundi 3 avril 2023

Soigner votre Karma avec la merveilleuse tritare de Jorge Amiden (Brésil, 1972)

 

Un des meilleurs disques - un des plus méconnus aussi - né de l'explosion créative psyché-pop de la fin des années 60 est paru au Brésil en 1972. Trois musiciens d'exception, avec une palette de cordes extraordinaire, sont à la manœuvre : Luiz Mendes Junior (violon et chant), Alen Cazinho Terra (contrebasse, violon et chant) et l'étonnant Jorge Amiden, premier musicien à manier la tritare, une guitare à trois manches - mais il joue aussi de la guitare douze cordes et d'autres instruments - dont la carrière météorique fut trop tôt abrégée par l'abus de psychotropes. Arthur Verocai se charge de la production. Légèreté et complexité, sophistication et douceur, l'album a sa place entre Butterfly des Hollies et Tabua des Esmeralda de Jorge Ben. Par exception, c'est tout l'album - l'unique production du groupe -  que la Cellule vous propose d'écouter aujourd'hui.

Karma, Karma (1972)