vendredi 29 avril 2022

Minimalisme outré : les Suburban Lawns (1980)

 

Dans la catégorie "épigones du post-punk", les Suburbans Lawns représenteraient sans doute très honnêtement la Californie en haut de la seconde division... Comme souvent pour ce genre de groupe, au milieu du tout-venant, on trouve cependant quelques perles de première bourre qui justifient amplement le détour, comme leur "hit" brillamment cintré, Janitor qui joue sur la parenté phonétique entre concierge "janitor" et "genitals" ou cette pépite, Unable, qui pousse le minimalisme vraiment loin.

The Suburbians Lawns "Unable" (1980)

La chanson elle-même, absolument excellente, est à peine plus longue qu'un morceau de Wire, mais c'est le thème du morceau qui est excitant. C'est une injonction typiquement contemporaine que de ne pas se laisser envahir par les objets et de tout réduire au minimum de place, alors pourquoi ne pas faire de même avec les sentiments et l'amour, par exemple, oui pourquoi ne pas le placer dans une toute petite valise la moins encombrante possible? Un pur concentré d'anti-sentimentalisme dada punk d'1mn34 dont voici les paroles : 

I can't bag-ah your love
No, no, no
I can't bag-ah your love
No, no, no
I can't bag-ah your love
No, no, no
 
Put it in a bag
Put it in a bag
Squeeze it 'til you sag
Baby in a bag
Baby in a bag
 
'Cause I don't have any sacks that are strong enough
And I don't have any liners that are long enough
And I don't have any baggies that are big enough
To bag your love
No, no, no
 
I can't bag-ah your love
No, no, no
I can't bag-ah your love
No, no, no
I can't bag-ah your love
No, no, no
 
Put it in a bag
Put it in a bag
Squeeze it 'til you sag
Baby in a bag
Baby in a bag
 
'Cause I don't have any sacks that are strong enough
And I don't have any liners that are long enough
And I don't have any baggies that are big enough
To bag your love
No, no, no, no, no, no, no, no



samedi 9 avril 2022

Albion à l'accordéon (6) : Swingin' Sixties et piano à bretelles

 

Non, l'accordéon n'est pas l'instrument emblématique des Swinging Sixties, mais à l'occasion on le retrouve tout de même niché dans quelques morceaux excellents qui intègrent une bonne part de nostalgie, comme bien sûr :

The Kinks - Sitting By The Riverside (1968)

 


Ou, un peu plus tard, Ronnie Lane au meilleur de sa période avec Slim Chance et Charlie Hart à l'accordéon, en 1974 :

Ronnie Lane & Slim Chance - G'Morning (1974)




lundi 4 avril 2022

Desaccordé à l'accordéon (5) : les Freshmen

Réponse britannique (irlandaise pour être exact) aux Beach Boys, les Freshmen n'ont pas une immense réputation et sont même carrément méconnus. Ils n'en ont pas moins pondu quelques perles plus qu'agréables à l'oreille. En 1968, ils ont ainsi l'idée de reprendre un tube du moment "She Sang Hymns Out Of Tune", en remplaçant l'harmonium de rigueur par un accordéon. Difficile de chanter les écarts de solfège avec plus d'harmonie.

The Freshmen "She Sang Hymns Out Of Tune" (1968)


 

samedi 2 avril 2022

Accordé à l'accordéon (4) : 1950, le meringue arrive à New-York avec Angel Viloria

Ne nous arrêtons pas en si bon chemin dans notre exploration du merengue. Quittons pour un moment la république dominicaine dominée par le dictateur Rafael Trujllo (conseil de lecture : l'essai de Hans Magnus Enzensberger qui lui est consacré, tout à fait recommandable si vous êtes curieux d'un des côtés les plus sinistres de l'histoire des Caraïbes) et exilons-nous à New-York en suivant les pas de l'accordéoniste Angel Viloria et ceux de son orchestre (dans le merengue, traditionnellement, c'est l'accordéoniste le leader). Nous sommes en 1950, et si le merengue est outrageusement instrumentalisé par Trujillo, champion poids lourd du népotisme tropical, l'île ne possède pas pour autant de studio d'enregistrement digne de ce nom. C'est à New-York qu'il faut aller pour graver ses galettes et Angel Viloria, son orchestre cibaeño típico (du nom de la région de Cibao où le merengue puiserait ses racines) et son chanteur Dioris Valladares ne vont pas chômer enregistrant entre 1950 et 1952 des dizaines de disques sur le label dédié Ansonia, qui vont poser les bases du merengue sur microsillon. La production est pléthorique et sa chronologie précise oubliée. Mais peu importe, ouvrons donc le bal sans plus tarder en dansant avec Josephine :

Angel Viloria "Yo Baile Con Josefina" [c. 1950]

 

Essayons maintenant de consoler une sœur éplorée, Rosaura, au cœur de ce grand classique :

Angel Viloria "Rosaura" [c. 1950]

Et pour finir et bien retenir les pas du merengue :

Angel Viloria - El Vironay (c. 1950)


 

 



vendredi 1 avril 2022

Accordé à l'accordéon (3) : L'aveugle de Nagua, star du merengue tipico

 

De son véritable, González Alvarado Pereira, il fut d'abord appelé "El Cieguito de Nagua", "le petit aveugle de Nagua" et en effet c'était un prodige qui s'était fait connaître dès l'âge de neuf ans comme un as de l'accordéon merengue. Car c'est vers la République Dominicaine que la Cellule tuyautée par Arnaud B. vous conseille d'aller aujourd'hui. Pas très facile de trouver ses disques mais, par chance, quelques vidéos circulent, comme celles-ci impeccables au niveau de l'allure sinon du son, qui semblent dater de 1981 comme nous l'apprennent les commentateurs connaisseurs de youtube. L'aveugle de Nagua n'est toujours pas très grand mais il a la trentaine bien tannée, il arbore une inimitable moustache et joue avec Vinicio Lopez et son groupe. Foin de sophistications superflues, ici le merengue, c'est du brut!