lundi 2 décembre 2019

Le ska tchèque, la révolte post-punk et les couettes de Jana Kratochvílová

En ce début des années 80, les marges de manœuvres des rockers tchécoslovaques sont sévèrement bornées. Quelques années plus tôt, le groupe Plastic People of the Universe (à Paris la semaine dernière, entre nous soit dit) avait fait les frais d'une répression féroce et de la solidarité manifestée par de nombreux dissidents était née la Charte 77. C'est une autre histoire mais elle plante bien le décor.

Ainsi, quand une chanteuse de variété se met en tête de s'inspirer de la vague punk qui déferle depuis Londres, les obstacles se multiplient sur sa route. Il lui faut bien sûr lisser en partie son propos selon les canons idéologiques en vigueur mais ses fantaisies d'apparence suffisent à elles seules à mettre hors d'eux-mêmes les apparatchiks communistes. 

Jana Kratochvílová a suivi le mouvement qui amène les punk anglais à s'ouvrir de plus en plus aux musiques jamaïcaines et ses chansons sont nettement influencée par le reggae tandis que la dégaine des punks anglaises déteint sur la sienne. Les autorités veillent à ce que ses fringues soient moins trash que celles des égéries du post-punk et à la place des dreadlocks, Jana arbore par exemple de simples couettes mais elles deviennent des symboles subversifs.
C'est autour de ces maudites couettes que tourne cette chanson curieusement exotique (le reggae chabada bada!) et vraiment entraînante :


Jana Kratochvílová - Copánky (1981)

Jana Kratochvílová ne passera plus guère à la télévision tchécoslovaque après ça. Invitée en 1983 à un festival en Angleterre pour lequel elle avait l'autorisation de sortie, elle préférera rester là-bas au grand soulagement des bureaucrates conformistes.

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