vendredi 19 avril 2019

Cuba-Hawaï-Kinshasa aller retour



Régulièrement au Tiki Lounge, rue de la Fontaine au Roi à Paris, on peut voir se produire le groupe Kanis & Lou. Armé d'un cocktail et entouré d'un décor du meilleur goût, on peut entendre l'une des formations les plus enthousiasmantes dans le genre hawaiien/exotica, à la fois très respectueuse du répertoire et décontractée. Ils alternent les reprises des as de la guitare hawaïenne comme King Benny Nawahi, standard intemporels de l'exotisme comme le Sleepwalk des italo-américains Santo et Johnny ou une version très inspirée de Bali Hai issue de la comédie musicale South Pacific.

Le morceau qui m'a marqué hier soir est une très rare occurence d'une influence cubaine sur la musique des îles du pacifique : Kou Kino Mambo, par the Polynesians. De Cuba à Hawaï en deux minutes et demi.


Ce morceau, qui réussit l'alliance improbable et idéale entre la décontraction polynésienne et l'énergie caribéenne m'en a immédiatement évoqué un autre : le Mambo Hawaïenne de Docteur Nico.

Colosse de la guitare congolaise, il serait un peu long de résumer la carrière du "docteur" Nico Kassanda entamée dès l'âge de 14 ans auprès de Grand Kallé et l'African Jazz puis aux commandes de l'African Fiesta avec Tabu Ley Rochereau. Disons simplement que son style rythmique et inventif marquera une inflexion dans la musique congolaise dont on encore les échos aujourd'hui. En 1962 ou 1963 -soit un an avant nos amis polynésiens- l'as de la guitare nous livre cette réjouissante rêverie hawaïanisante toute en glissandos. D'Hawaï à Kinshasa en deux minutes et demi.


Les notices de wikipedia se contredisent mais il paraît que le mot Mambo viendrait du Yoruba ou du Bantou, qu'il signifierait voix en coeur ou plus simplement "parler". Que le genre fut popularisé par Arcaño y sus Maravillas à la fin des années trente. Du Congo et ses environs à Cuba. Retour au point de départ.

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