Précurseurs de toute une série de groupes échappés des écoles d'art anglaises (mais eux-mêmes n'y avaient jamais foutu les pieds), les membres de The Creation avait intégré dès 1966 une touche violemment arty à leurs concerts en les concluant par la réalisation d'une toile influencée par la vogue du "pop art". Les prestations se terminaient systématiquement par "Painter Man", leur principal tube qui donnait (entre nous soit dit) une idée passablement désabusée du métier mais avec des riffs de première bourre, qui assuraient une excitation optimum du public. Au moment où Eddie Philipps se lançait dans un solo de tueur en frottant les cordes sa guitare avec un archet de violon (c'est lui qui est censé avoir inventé la technique), le chanteur Kenny Pickett se munissait de bombes aérosol et remplissait la toile avant qu'on y mette le feu (une interview d'Eddie Phillips raconte ici l'histoire du gimmick). Malgré ces hauts faits d'armes, le groupe n'eut pas grand succès en Angleterre où ce n'est que dans les années 80 que se sont multipliées les références à son influence. L'Allemagne fanatique de musique anglo-saxonne leur fut plus accueillante, grâce à quoi nous avons un enregistrement de leur prestation lors de leur passage en 67 dans la célèbre émission télé du Beat Club, qui nous donne une idée de la chose. Le dispositif est adapté aux circonstances et apparemment aseptisé mais c'est déjà ça...
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