Bizarre comme quand on n'a pas le temps de s'infuser sa ration de musique habituelle, on peut avoir besoin de se remettre le même morceau en boucle. Encore et encore. Bizarre comme, moi, il me faut des guitares dans ces moments-là. Il y a quelques semaines, c'était cette chanson qui tournait sur ma platine. Elle vient des seventies coréennes. Un souffle épique la parcoure dès le début, clavier et flutes ; le morceau dure, dure, puis apparaît la guitare qui part en vrilles psychées et vous amène dans des régions insoupçonnées. C'est Shin Jung Hyun, chanteur, guitariste, producteur, la figure majeure de l'histoire de la musique pop coréenne qui est aux commandes (un très excellent site consacré au psychédélisme coréen lui réserve la grande place qui lui est due : allez voir ici). La chanson enregistrée en 1974 s'appelle "Beautiful Rivers and Mountains" et célèbre les paysages de la Corée du Sud, ce qui peut paraître parfaitement anodin, sauf si on sait que le morceau répond (ou plutôt ne répond pas) à une commande du dictateur local, l'affreux Park Jung-Hee. C'est en effet le palais présidentiel que le Franco de la Corée du Sud avait ordonné de chanter, non pas le pays tout entier. La sanction ne se fera pas attendre : en décembre 1975, Shin Jun Hyun est condamné pour consommation de marijuana, passe les années suivantes en prison ou en hôpital psy et ressort lessivé de l'épreuve.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire