Où Tom Waits avait-il bien pu chopé sa voix? - Clope et picole à dose extrême? Ou bien, faut-il prêter foi à la légende familiale qui l'impute à l'influence d'une certain oncle Vernon, aussi grave et bougonne qu'imaginable? Cet oncle Vernon avait subi, enfant, une opération du larynx. Apparemment, les chirurgiens avaient oublié de retirer une paire de ciseaux et de la gaze avant de le recoudre. Des années plus tard, en plein repas de Noël, Vernon s'étrangla et recracha gaze et ciseaux dans son assiette. "C'est comme ça qu'il a eu cette voix, et moi, la mienne - en essayant de l'imiter. Je détestais m'entendre quand j'étais gosse. Je voulais parler comme l'oncle Vernon, avec ce timbre rauque et rocailleux". C'est en tout cas ce que rapporte, non sans resté un peu dubitatif, Barney Hoskyns, dans sa copieuse biographie que, pour ma part, je ne finis pas d'achever.
Bien avant Tom, l'extraordinaire Papa George Lightfoot avait déjà emmené ses auditeurs dans de tels parages. Sur son imparable version de "When The Saints Go Marchin In", les arrangements sont tellement déjantés que c'est bien l'ensemble du son de Waits qu'on croit entendre plus de vingt ans avant son avènement. Pas de vocoder ou d'histoire d'oncle Vernon à l'origine des modifications vocales extraordinaires du bluesman mississippien, il chante, lui, à travers son instrument. Bien sûr, Tom Waits pouvait connaitre Papa Lightfoot, mais le cas est évident : la première fois que l'on a entendu un morceau du célèbre chanteur californien, celui-ci avait à peine cinq ans.
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