La vingtaine toute fraiche, Cathy Hamer a enregistré deux disques de façon ultra-confidentiel à la fin des années 70 dont certains morceaux sont réapparus au début de l'année grâce à l'étiquette Numero Group. La chose reste fuyante puisqu'on ne les trouve que sur la toile sans qu'ils aient été dotés d'un nouveau support matériel. Quelques mois plus tôt, un morceau extraordinaire avait été sélectionné pour figurer sur une compilation plus tangible du même label, très recommandable elle aussi : 70s Cosmic American Music. C'est avec cette "Lady Full of Dreams" que la Cellule vous propose de décoller aujourd'hui, une merveille de country délicieusement rêveuse, tout en délicatesse, pleine d'optimisme juvénile et de goût pour l'aventure.
Cathy Hamer - Lady Full Of Dreams
PS : Il y a, semble-t-il, très peu d'images de Cathy Hamer sur les internets. Nous illustrons le post par une sirène pragoise résidante de la Sala Terrena du Palais Wallenstein (phot. EB, juin 2024).
Pas d’aspérités au programme aujourd'hui. C'est la fin de l'été et on prolonge la saison douce comme on peut en plongeant dans la pop synthétique nigériane du milieu des 80's. Oui, fuyons toutes préoccupations moroses avec deux tubes de Dizzy K Falola. On verra bien plus tard pour la suite.
C'est un peu difficile à croire comme ça, mais l'ambiance musicale du premier album des Auteurs, et bien, il semblerait que la première fois qu'on l'ait entendue, ç'ait été dans la maison de Brian Wilson lors des sessions d'enregistrement du merveilleux Surf's Up au printemps 1971. Comme le morceau n'est pas sorti à l'époque, Luke Haynes n'a pas pu l'écouter et encore moins s'en inspirer. C'est par conséquent un cas de plagiat par anticipation d'une très grande pureté. Mais écoutez donc :
The Beach Boys - Sweet and Bitter (1971)
Le titre est signé Brian Wilson et Don Goldberg et c'est Mike Love qui anticipe la voix de Luke Haines de manière très convaincante : la Californie était d'avance habillée pour se transporter sur les bords brumeux de la Tamise.
Ce morceau magnifique figure sur une compilation fourre-tout (Talking Latin) qui ne donne pas la moindre indication sur sa provenance, excepté le nom de la chanteuse : Carmen Torres. Le catalogue de la BnF est un peu plus disert, qui nous permet de savoir que le titre figure sur un 78T enregistré pour l'étiquette Columbia (n° LF219) avec "Granadinas" sur l'autre face et que c'est Jean Borredon le guitariste. On peut déduire des quelques autres enregistrements recensés que Carmen Torres fut une chanteuse lyrique espagnole active à Paris en 1949-1950. And That's all Folks! Si vous arrivez à en savoir plus, faites-nous en profiter! En attendant, laissez-vous bouleverser par cette berceuse perdue dans le vaste océan du quasi-anonymat.
Paris, le 15 décembre 1943... Gare! La vipère du trottoir de Vincent Scotto vous observe... L'interprétation est celle du Sixtette de Jean "Matelo" Ferret, de la célèbre fratrie. Le vibraphone de Camille Mertens, la clarinette de André Sylvio Sioboud et la guitare de Matelo se relaient et vous gardent à l’œil tandis que la section ryhtmique (René Duchossoir, Marcel Fabre et Jacques Bourgarel) assurent les arrières.
Jean Ferret et son Sixtette "La Vipère du trottoir" (1943)
L'histoire commence en 1905. Zanzibar est alors un protectorat britannique faisant face à la colonie allemande d'Afrique de l'Est. Le sultanat de l'île - qui fut un des pires systèmes esclavagistes de l'histoire, entre nous soit dit - a dû dire adieu à sa pleine indépendance et le pouvoir du sultan n'est plus que l'ombre de celui qu'il avait été dans les mains de ses prédécesseurs. L'esclavage a été aboli. Dans la grande tradition de l'indirect rule britannique, le sultan n'en a pas moins été maintenu, ce qui laisse au huitième d'entre eux, Hali Bin Hamoud (1902-1911) le mérite de fonder, au début du vingtième siècle, un des premiers lieux dédiés à la musique en Afrique subsaharienne : le Nadi Ikhwan Safaa Club. On y célèbre depuis cette date un genre musical, le taarab, qui fut d'abord pur produit d'importation en provenance d’Égypte à la fin du XIXe siècle avant de s'acclimater merveilleusement dans le creuset culturel swahili où se mêlent les influences bantoues, arabes, perses, européennes et indiennes depuis des siècles (les relations avec le Moyen-Orient sont antérieures ici à l'ère chrétienne). Deux guerres mondiales plus tard, l'indépendance et ses soubresauts, puis l'union avec le Tanganyka dans le cadre de la nouvelle Tanzanie, une dictature prétendument marxiste, puis encore d'autres épisodes trop longs à raconter n'y changent rien : le club est toujours là et on y produit une des musiques les plus envoutantes qui soit.
Deux CD ont été consacrés aux merveilles de l'Ikhwan Safaa Club. Il y en a un dans chacune des deux séries de rééditions thématiques dédiées au taarab, toutes les deux très recommandables. La série Zanzibara s'ouvre précisément par un disque célébrant le centenaire du club. On y trouve ce fabuleux morceau.
"Pendo Kitu Cha Hiyari" (2005)
Dans l'autre série "The Music of Zanzibar", c'est sur le volume 2 qu'on retrouve les enregistrements des musiciens du club. La session organisée par l'équipe GlobeStyle eut lieu en 1988, c'était la première organisée avec des moyens un peu sophistiqués sur l'île-même. Écoutez donc cette autre merveille :
James Yorkston a dédié ce morceau à la mémoire de Scott Hutchison, le chanteur du groupe Frightened Rabbit, qui s'est suicidé en 2019 à l'âge de 36 ans. La beauté de cette chanson qui est aussi un geste d'amitié bouleversant laisse pantois. Comment être capable d'accueillir tant de détresse, comment avoir le courage de confier ainsi son cœur au libre ravage de la peine pour payer le prix de cet hommage extraordinaire ?