lundi 30 juin 2025

Plagiat par anticipation : The Beach Boys / The Auteurs

 

C'est un peu difficile à croire comme ça, mais l'ambiance musicale du premier album des Auteurs, et bien, il semblerait que la première fois qu'on l'ait entendue, ç'ait été dans la maison de Brian Wilson lors des sessions d'enregistrement du merveilleux Surf's Up au printemps 1971. Comme le morceau n'est pas sorti à l'époque, Luke Haynes n'a pas pu l'écouter et encore moins s'en inspirer. C'est par conséquent un cas de plagiat par anticipation d'une très grande pureté. Mais écoutez donc : 

The Beach Boys - Sweet and Bitter (1971)

 

Le titre est signé Brian Wilson et Don Goldberg et c'est Mike Love qui anticipe la voix de Luke Haines de manière très convaincante : la Californie était d'avance habillée pour se transporter sur les bords brumeux de la Tamise.


 

vendredi 27 juin 2025

Avis de recherche pour une berceuse espagnole

 

 Ce morceau magnifique figure sur une compilation fourre-tout (Talking Latin) qui ne donne pas la moindre indication sur sa provenance, excepté le nom de la chanteuse : Carmen Torres. Le catalogue de la BnF est un peu plus disert, qui nous permet de savoir que le titre figure sur un 78T enregistré pour l'étiquette Columbia (n° LF219) avec "Granadinas" sur l'autre face et que c'est Jean Borredon le guitariste. On peut déduire des quelques autres enregistrements recensés que Carmen Torres fut une chanteuse lyrique espagnole active à Paris en 1949-1950. And That's all Folks! Si vous arrivez à en savoir plus, faites-nous en profiter! En attendant, laissez-vous bouleverser par cette berceuse perdue dans le vaste océan du quasi-anonymat.

 Carmen Torres - La Nana 

jeudi 5 juin 2025

Vipère swing au cœur de l'Occup : Jean Ferret et son Sixtette (1943)

 

Paris, le 15 décembre 1943... Gare! La vipère du trottoir de Vincent Scotto vous observe... L'interprétation est celle du Sixtette de Jean "Matelo" Ferret, de la célèbre fratrie. Le vibraphone de Camille Mertens, la clarinette de André Sylvio Sioboud et la guitare de Matelo se relaient et vous gardent à l’œil tandis que la section ryhtmique (René Duchossoir, Marcel Fabre et Jacques Bourgarel) assurent les arrières.

Jean Ferret et son Sixtette "La Vipère du trottoir" (1943)

 


 

mercredi 28 mai 2025

Plus que centenaire : le Nadi Ikhwan Safaa Club de Zanzibar

 

L'histoire commence en 1905. Zanzibar est alors un protectorat britannique faisant face à la colonie allemande d'Afrique de l'Est. Le sultanat de l'île - qui fut un des pires systèmes esclavagistes de l'histoire, entre nous soit dit -  a dû dire adieu à sa pleine indépendance et le pouvoir du sultan n'est plus que l'ombre de celui qu'il avait été dans les mains de ses prédécesseurs. L'esclavage a été aboli. Dans la grande tradition de l'indirect rule britannique, le sultan n'en a pas moins été maintenu, ce qui laisse au huitième d'entre eux, Hali Bin Hamoud (1902-1911) le mérite de fonder, au début du vingtième siècle, un des premiers lieux dédiés à la musique en Afrique subsaharienne : le Nadi Ikhwan Safaa Club. On y célèbre depuis cette date un genre musical, le taarab, qui fut d'abord pur produit d'importation en provenance d’Égypte à la fin du XIXe siècle avant de s'acclimater merveilleusement dans le creuset culturel swahili où se mêlent les influences bantoues, arabes, perses, européennes et indiennes depuis des siècles (les relations avec le Moyen-Orient sont antérieures ici à l'ère chrétienne). Deux guerres mondiales plus tard, l'indépendance et ses soubresauts, puis l'union avec le Tanganyka dans le cadre de la nouvelle Tanzanie, une dictature prétendument marxiste, puis encore d'autres épisodes trop longs à raconter n'y changent rien : le club est toujours là et on y produit une des musiques les plus envoutantes qui soit.

Deux CD ont été consacrés aux merveilles de l'Ikhwan Safaa Club. Il y en a un dans chacune des deux séries de rééditions thématiques dédiées au taarab, toutes les deux très recommandables. La série Zanzibara s'ouvre précisément par un disque célébrant le centenaire du club. On y trouve ce fabuleux morceau.

"Pendo Kitu Cha Hiyari" (2005)


Dans l'autre série "The Music of Zanzibar", c'est sur le volume 2 qu'on retrouve les enregistrements des musiciens du club. La session organisée par l'équipe GlobeStyle eut lieu en 1988, c'était la première organisée avec des moyens un peu sophistiqués sur l'île-même. Écoutez donc cette autre merveille :

"Nipepee" (1988)


 

 

 

 

 

jeudi 22 mai 2025

Ma vie sans moi (18) : James Yorkston (2023)

 

James Yorkston a dédié ce morceau à la mémoire de Scott Hutchison, le chanteur du groupe Frightened Rabbit, qui s'est suicidé en 2019 à l'âge de 36 ans. La beauté de cette chanson qui est aussi un geste d'amitié bouleversant laisse pantois. Comment être capable d'accueillir tant de détresse, comment avoir le courage de confier ainsi son cœur au libre ravage de la peine pour payer le prix de cet hommage extraordinaire ?

James Yorkston - A Sweetness in You (2023)


 

lundi 19 mai 2025

Jouer de la guitare hawaiienne presque incognito sur la Frontera (1930?)

 

A la frontière entre le connu et l'inconnu, entre les Estados Unidos mexicanos et les United States of (North) America, quelque part vers 1930, il y a ce disque sur lequel aucune information substantielle n'a filtré. Rien d'autre à se mettre sous la dent que les indications sibyllines que l'on trouve sur la galette.

Un nom avec une initiale seulement : mais qui est ce S. Cortez accompagnés de ses Hawaiinos ? Et qui sont ces hawaiiens à qui il manquent peut-être une lettre, égarés du côté de la Frontera? D'autant que pour un duo de guitares, deux musiciens seraient suffisants...

Pas de date, seuls les numéros de l'étiquette Okeh : N° de catalogue 16283 ; numéro de matrice 400717.

La mélancolie de ces valses mexicano-polynésiennes perdues dans les limbes de l'histoire n'en est pas moins pure merveille :

S. Cortez y sus Hawaiinos - Caperucita

 


 S. Cortez y sus Hawaiinos - Lirios

 


 


mardi 13 mai 2025

1939-1944 : Rêver de la Polynésie pendant la guerre


Nous sommes le 7 décembre 1944, à Londres, la fin de la guerre approche mais Vienne est toujours fermement aux mains des nazis et le restera encore six longs mois. L'ensemble de Felix Mendelssohn et ses Hawaiians Serenaders rêve d'une toute autre Vienne transportée au milieu des îles du Sud au plus loin du vacarme de l'histoire.

Felix Mendelssohn and His Hawaiian Serenaders "Caprice viennois" (1944)

Les racines familiales de Bartholdy Felix Mendelssohn (1911-1952) le rattachait à la Mittel-Europa encore sous le joug allemand. Sa famille venait en effet de Bohême et il était apparenté, du moins le prétendait-il,  avec son homonyme le compositeur classique. Les Mendolssohn s'étaient installés en Angleterre depuis quelques générations et avaient échappés ainsi aux persécutions visant les juifs durant ses années maudites. A partir de 1938, avec ses Serenaders hawaïens, il fit gonfler une bulle d'exotisme au milieu du malheur des temps. Immense succès du reste, les temps en avaient sans doute bien besoin.

Un des premiers clips de l'histoire conserve la mémoire de ces débuts - nous sommes maintenant revenus en 1939 - sous le signe de la nonchalance. Mettez donc, vous aussi, votre costume blanc le plus léger, enfilez un collier à fleur et préparez-vous à affronter les tempêtes qui viennent avec un sourire mélancoliques aux lèvres.

Felix Mendelssohn and His Hawaiian Serenaders "Song Of The Islands" (1939)


Vous trouverez là une grande collection de morceaux de Felix Mendelssohn et ses Serenaders.